La piste de danse du club s'étend jusqu'à l'extérieur, dans les ruelles sombres de Santa Marta. L'intérieur vibre au son d'une salsa sur le point de faire éclater les enceintes. La chaleur torride de la côte des Caraïbes se fait ressentir à un tel point que même les murs dégoulinent de sueur. Pourtant, la chemise sans un pli, tout bronzé, la moustache parfaitement taillée, les cheveux bien lisses et lustrés comme leurs chaussures de cuir, tous les garçons sont impeccables et les Colombiennes, elles, dans leurs robes.......... ouf! En plus, ça danse comme des dieux, tout en cadence, sans faux pas comme dans une scène de bal de finissants d'un film des années 80.
Sauf qu'en plein centre, il y a moi!La chemise trempée, la peau rouge homard à cause du soleil, les cheveux ébouriffés, chaussés de vieilles espadrilles usées, ne sachant pas trop quoi faire de mon corps avec mon premier drink à peine entamé dans une main. Sans trop de conviction, je me balance d'un pied à l'autre, un immense sourire fendu jusqu'aux oreilles, en réalisant à quel point ça détonne un grand gringo roux sur une piste de danse colombienne.Pourtant, la veille, je dansais si bien.Sur la terrasse du Mirador qui donne sur les plages de Taganga, quand à 4 heures du matin la pluie s'est mise à tomber, que le dj a tourné le volume à fond et que les jolies colombiennes se sont soudainement retrouvées en bikini, les cheveux mouillés, moi et Elaine étions franchement en feux, comme dans un clip de Shakira.Vers six heures du matin, nous sommes de retour à l'hôtel. Toujours en dansant, sifflant une bière d'une main et flippant des arepas con quesos dans une poêle de l'autre, mon dieu que je bougeais bien, j'avais encore le rythme dans le sang.Aujourd'hui, j'ai des doutes.Le lendemain, pendant qu'Elaine virevolte encore sur une piste de danse (même quand elle ne boit que de l'eau), je pars prendre un verre avec un groupe d'Australiens qui, à leur habitude, portent des shorts de rugby trop courts et des camisoles. Ils détonnent encore plus que moi.L'hôtel Dreamer, construit par deux Italiens qui ont décidé de s'installer en Colombie après avoir fait un tour du monde, semble attirer beaucoup de gens qui font le même genre de voyage. L'endroit est parfait pour relaxer à la fin d'un périple en Amérique du Sud et avant d'entamer l'Amérique centrale (ou le contraire) et plusieurs décident de déposer leur sac à dos le temps de souffler un peu. Le soir, autour d'un repas, on s'échange des trucs de voyage, on parle de villages reculés, de plages inconnues des guides, d'expériences avec les chamanes dans la jungle, des festivals les plus fous... Ici, voyager sans date de retour semble un mode de vie courant. Il y a toujours une activité qui s'organise pour le soir ou le lendemain et l'on se laisse convaincre de rester UNE nuit de plus, depuis 4 jours.
Les plages du coin sont jolies et pleines de pélicans qui plongent pour attraper des poissons et de gros crabes qui pincent les fesses si on a le malheur de s'asseoir dessus. Pour s'y rendre, il faut prendre des routes de sable cahoteuses dans la forêt à l'arrière d'une moto taxi conduite par un chauffeur qui, en plus de nous escroquer, tente de nous tuer en faisant des jumps à la x game.
Un matin, on était plus de 12 à vouloir visiter les chutes de Minca. On a donc loué un bus qui nous a laissé au village d'où on pouvait débuter la marche d'une heure et demie à travers la forêt. Le chauffeur nous a pointé le sentier du doigt et nous a curieusement souhaité bonne chance. À peine une minute après son départ, le déluge débute! On a 5 heures d'attente avant son retour et aucun endroit pour se protéger de la pluie. On a donc marché. Dans la boue, à travers les ruisseaux, sur les chemins glissants, pour finalement aboutir aux chutes. Ça ressemblait plus à un étang boueux et l'eau était beaucoup trop froide pour s'y baigner, excepté le temps d'une photo. J'étais très content d'être celui qui tenait la caméra.Demain, on doit visiter le parc national de Tayrona, mais à la vitesse à laquelle mes amis australiens enchaînent les bières... J'ai soudain retrouvé mon envie de danser, finalement, on va probablement rester encore une journée de plus au Dreamer. It's time to boogie!!!