Et bien, c’est fait, le monde retenait son souffle, les mineurs chiliens sont tous sauvés. Et en direct, s’il vous plait, sur toutes les télévisions du monde. Il est vrai que ce genre de catastrophe, possède le don d’attirer toute notre compassion. Sans doute une histoire d’environnement. Lieu obscur, minéral, clos et étouffant, au sens propre et figuré, ca doit avoir des côtés cauchemardesques. A croire que la claustrophobie est la maladie la plus partagée de l’humanité. Mais pourvu que l’allègresse de la délivrance ne fasse pas oublier les conditions dans lesquelles ces travailleurs des profondeurs vivent au quotidien. Ces catastrophes ne sont pas inéluctables. Que la médiatisation qui s’est produite sur ce fait divers soit une opportunité pour soulever réellement les causes de ces accidents qui font tant de morts dans le Monde, encore aujourd’hui, et plus particulièrement en Asie et en Afrique.
Depuis avril dernier, Le centre historique minier de Lewarde propose une exposition « Héros ou martyrs » qui aborde l’évolution des conditions de travail des mineurs au cours des 270 ans d’exploitation du charbon dans les mines du Nord-Pas de Calais. Souffrance, horreurs, drames et combats sociaux sont étroitement attachés à cette activité. La mort, les mutilations et les maladies respiratoires étaient l’issue désignée pour ces travailleurs. Les mineurs ont sans doute participé plus que tout autre corps de métier à l’évolution des conditions de travail dans l’industrie, du moins en Europe. Merci Zola.
Bien que l’exposition soit surtout un hommages aux mineurs du Nord-Pas de Calais, le reste du Monde n’est pas oublié avec des colloques ou participeront différents pays du Monde. Un des rescapés du Chili a d’ailleurs été invité.
Cela me fait également pensé à une autre histoire de mineurs, aux Etats-Unis cette fois-çi, et l’épisode du massacre de Ludlow ; peu connu des français et peut-être même des américains qui ne connaissent pas l’oeuvre d’Howard Zinn, « Une histoire populaire des États-Unis », pourtant un best-seller… justifié !
Entre 1913 et 1914, une grève des mineurs du Colorado dura plus d’une année. Elle était dirigée contre la “Colorado Fuel and Iron Company” du sinistre Rockfeller. Les ouvriers s’étaient révoltés après de graves explosions dans les mines et leurs conditions d’hébergement autour des mines. En fait de véritables taudis, plantée dans la boue et louées par Rockfeller à des tarifs exhorbitants. La vie y était si sinistre que plus de 10 000 mineurs se mirent en grève. Rockfeller au lieu de négocier les fit expulser des bidons-villes. A Ludlow, les mineurs se mirent alors à ériger des tentes pour y réfugier, tant bien que mal, leurs familles. On ne sait pas trop ce qui se passa, toujours est-il que le village de toiles fut enflammé et que la troupe tira dans la foule en panique, tuant des femmes, des enfants et des mineurs.
Ludlow est aujourd’hui une “ghost town”. Personne ne regrette ce village de toile et rares étaient ceux qui se souvenait de cette histoire. Entre temps, la guerre contre l’Espagne fut déclarée et les américains eurent d’autres sujets d’attention. D’ailleurs qui s’en souvenait avant que Woody Guthrie ne compose sa chanson dans les années 40 du siècle passé ?
Pour ceux qui serait rebuté par l’épaisseur du livre de Zinn, les éditions « Vertige Graphic » proposent une version graphique plus aisée à lire et tout aussi poignante dans l’indissible succession d’horreurs qu’elle relatent. Simplement intiulée « Une histoire populaire de l’empire américain », elle a été réalisé par Mike Konopacki et Paul Buhle.