Trop drôle ! Et c’est un sénateur centriste, 74 balais aux fraises, qui assure le spectacle. Cela vient de sortir dans Le Monde (14 oct.2010) Retraites : rejet au Sénat d’un article sur l’allongement de la durée de cotisation.
L’article 4 du texte qui porte sur les modalités d’allon-gement de la retraite jusqu’en 2020 a été rejeté – 155 voix pour, 181 contre – par sa faute. Il s’est tout simplement trompé de bouton et le groupe Union centriste plaide que «la fatigue aidant, après des heures et des heures de débat, notre sénateur s’est trompé. Nous voulions voter pour l’article»…
Je remarquerais deux choses. Primo, Il apporte la preuve évidente que même dans un emploi fort peu pénible – mais autrement plus lucratif - qu’un vrai travail il n’est pas capable d’assurer à pas d’âge. J’avais lu sur une fiche sans doute mal informée qu’il aurait 65 ans. Mais aussi bien sa fiche sur le site du Sénat que sur Wikipedia sont formelles : il est né le 4 octobre 1936. Il a donc bien 74 ans !
Preuve que les politicards ne savent jamais dételer. Goût du pouvoir et/ou du lucre ? Sans doute les deux. On imagine l’usure des personnes qui auront commencé à travailler entre 14 et 18 ans dans des emplois pénibles et que l’on voudrait aujourd’hui faire travailler jusqu’à 62 ans, voire 67 ans pour obtenir une retraite à taux plein. Criminel !
Secundo, il avait les délégations de l’ensemble de son groupe. Ce qui est déjà en soi inadmissible. Le vote devrait être strictement personnel. De surcroît, cela témoigne à l’envi du peu de cas que font les sénateurs d’une telle réforme qui va pourtant bouleverser la vie de millions de personnes.
Il y aura donc une seconde délibération sur cet article, à la fin de la discussion ce qui est possible selon Eric Woerth puisqu’il s’agit d’une «erreur matérielle». Je note que c’est la seconde fois en assez peu de temps. Décidément, les sénateurs ne font pas leur taf très sérieusement ! S’ils bossaient dans n’importe quelle boîte du privé, il y aurait vachement longtemps qu’on les aurait poussés vers la lourde…
Ceci dit, les sénateurs qui acceptent tout comme de vrais bénis-oui-oui qu’ils sont devront faire gaffe à leur abattis – électoraux – en 2011. Ils l’ont sans doute oublié mais devraient se souvenir que nous voterons en mars 2011 pour renouveler la moitié des cantons et que ce vote aura nécessairement une grande influence lors des élections sénatoriales de septembre 2011.
Qu’ils s’attendent à ce que l’opposition et sans doute aussi les syndicats qui protestent aujourd’hui contre la réforme des retraites rappellent aux électeurs comment ils ont voté d’un seul homme pour cette réforme dont une large majorité (70 %) de la population ne veut pas.
En attendant, nous serons toujours aussi nombreux à le crier dans la rue le samedi 16 octobre 2010 et encore le mardi 19 octobre puisqu’une nouvelle journée d’action a été décidée : no passaran !