La petite salle de luxe du Balzac mérite-t-elle donc cette appellation ? Je dois bien avouer que le cinémaniaque que je suis se pose la question. Car à l’évidence les critères de confort ne sont pas les mêmes d’un spectateur à un autre. Celui des responsables du Balzac semble porter presque uniquement sur un point : les sièges. Et de ce côté-là, il n’y a rien à redire aux qualités de la salle du Balzac. La qualité des sièges est optimale. Rien à voir avec la plupart des autres salles parisiennes. Sur le coup, les sièges paraissent étranges, on s’installe dedans, ces grands sièges en cuir, et on se trouve avec le dos trop droit, trop en avant. Dès qu’on a compris l’astuce pourtant, le siège change complètement. La partie basse sur laquelle on est assis coulisse en avant, et du même coup incline le dossier pour mieux nous installer face à l’écran. Penser aux fauteuils de Chandler et Joey dans « Friends » pour vous donner une idée (le côté « fauteuils de salon » en moins bien sûr, mais on s’en rapproche).
La qualité des sièges est remarquable, rien à redire là-dessus. Pour ce qui est du reste, je m’étonne de plusieurs choses. La première est la travée centrale. Qu’en 2010, on choisisse de mettre une travée centrale, et non latérale, dans une salle de cinéma est une pure hérésie. Surtout lorsqu’elle est aussi large qu’au Balzac, et que du coup, quelle que soit la place que l’on choisit, on n’est pas au centre de l’écran. L’hérésie est d’autant plus grande que la salle est toute petite, et que la plupart des sièges ne sont donc pas face à l’écran mais sur ses côtés. Totalement absurde.
Honnêtement j’ai eu envie de quitter la salle lorsque j’y suis entré. La travée centrale bouffant les meilleures places, la taille riquiqui de l’écran, j’ai vraiment eu envie de fuir. Ce que je cherche au cinéma, ce n’est pas le confort de mon salon. Je ne veux pas avoir l’impression de regarder le film à la télévision chez moi. Je ne veux pas de ce confort. Ce que je veux moi, c’est du cinéma. Je veux pouvoir me placer en plein centre si cela me chante. Je veux avoir l’impression que je suis plongé dans le film avec ses protagonistes, en plein cœur d’un écran qui serait mon unique champ de vision deux heures durant.
Je suis pour une belle salle luxueuse, mais pas une salle où la proportion de l’écran est sans importance, ni le positionnement des sièges par rapport au film. Il y a mieux à faire en guise de salle de luxe. Ne vaut-il mieux pas prendre exemple sur quelques salles de projection privées parisiennes accueillant notamment les projections de presse, qui, elles, offrent un confort indéniable (aaaaah, la salle Warner…), même celles affichant un petit côté vintage charmant (comme le club Publicis) ?Réfléchissez bien messieurs les exploitants à ce qui doit définir le confort d’une salle avant de vous lancer dans de grands travaux…