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La pêche, un enjeu scientifique

Publié le 14 octobre 2010 par Scienceblog
L

a pêche en eaux profondes est un problème grave qui a vu son développement notamment à cause d’un appauvrissement de ressources halieutiques moins profondes, et d’une augmentation de la consommation de poisson dans le monde. Je ne suis pas un grand expert du sujet, alors j’ai lu un bon dossier sur Science Actualité qui expose l’ensemble la problématique de façon claire.

Récemment sur la liste de lecture Vulgarisation, Claire Nouvian de l’association Bloom nous fait part de sa colère et de sa vexation face au reportage qui a été diffusé par Thalassa le 8 Octobre dernier concernant la pêche profonde, vue du coté des pêcheurs ayant face à eux des experts, des lobbyistes et … leurs employeurs. Une bonne vraie grosse problématique, facile à traiter pour un reporter parce que les camps en présence sont facilement identifiables et facilement caricaturables (Greenpeace, associations de défense des réserves halyeutiques, etc.) et parce que, comme dans tout savoir scientifique, il est facile de détecter une controverse, la plus infime soit-elle, qui pourrait permettre de faire durer un sujet de 26 minutes qui, en tant que tel, ne dure que 10 à 12 minutes.

Coté violons, on parle des pêcheurs dont les flottes de peche lointaine se restreignent d’année en année. La pêche côtière n’est pas mieux lotie, se restreignant, pour pouvoir rester en vie, à servir de sous-traitant pour l’industrie touristique. La réalité est bien dure : la pêche est un métier très difficile et en perdition en France et dans de nombreux pays, les bateaux-usine se perfectionnent, les entreprises de pêche sont peu nombreuses voire uniques par le bais des fusions-acquisitions, et les grands distributeurs imposent des prix à la pêche, euh à la baisse, comme dans toutes les branches de l’agroalimentaire. Bref, on devrait arrêter de pêcher, mais cette culture de la pêche perdure solidement sur les côtes françaises notamment en Manche et en Atlantique. Rappelons, au passage que la France est le pays ayant le plus de longueur de côte en Europe. Ainsi, perdre cette culture peut aussi être perçu comme une très grosse perte, humaine et sociale cette fois-ci.

Coté méchants, ce sont les parisiens (tête de chien dirait Fred Poulet) ecolo, lobbyistes, et bien payés (ils ont un macbook, tu parles) qui n’y comprennent rien et qui veulent protéger le fond des océans et , de fait, notre terre nourricière,Gaïa. L’aspect affectif lié à l’aspect scientifique fait des ravages, c’est en gros le discours du journaliste.

Moi, j’ai envie de tirer des deux cotés. Coté écolo, la complexité du problème n’est pas que scientifique ou lié à la préservation de la nature : non, nous ne sommes pas responsables collectivement des choix et des histoires politiques des pays.  Oui,  nous avons une histoire française de la pêche, et en s’opposant de façon systématique, en assénant des arguments scientifiques, en culpabilisant les pêcheurs et les états, sur des arguments du type « vous faites du mal à maman », on n’avancera pas plus loin. La vraie sensibilisation doit se faire vers les consommateurs, mais elle est lente, et pas facile à mettre en marche si on ne veut pas culpabiliser. Et puis, j’ai été voir le site de Bloom : en étant militant ils en oublient l’important de communiquer auprès d’un public non averti. Le site est peu ergonomique, pas beau, pas intéressant, et on a du mal à y trouver les infos. Les lettres ouvertes sont mal rédigées, longues, donneuses de leçon … On peut être d’accord avec l’idée que les scientifiques disent vrai, et ne pas être d’accord avec la communication des écolos. Donc, pour les écolos, c’est fait …

Parlons maintenant du reporter. Il prend délibérément le parti des pêcheurs. De bonne guerre, car il est plus facile pour un sujet diffusé à une heure de grande écoute de prendre ce parti, plus larmoyant (ce sont des hommes qui travaillent dur en mer du nord, jusqu’à plus haut que l’Ecosse parfois, rendez-vous compte ma brave dame) et certainement plus rentable. D’autant plus qu’en face, les écologistes s’autocarricaturent tellement facilement. Moins de travail, moins de réflexion, plus de benef ! Et une bonne occasion de participer à une petite campagne en mer, mais pas trop longtemps quand même, faut pas exagérer  (je sais pas s’il a fait un mois entier de campagne pour avoir ces images, ça m’étonnerait beaucoup). Bref, ce reportage, un vrai boulot de fainéant.

La réalité est plus complexe. On ne peut nier la diminution des réserves halyeutiques ; on ne peut nier l’influence des immenses pêcheries internationales, et la France ici ne ne représente qu’une toute petite partie de cette immense flotte ; on ne peut nier que la surpopulation mondiale et le fait que ces hommes et ces femmmes  mangent beaucoup de poissons ; on ne peut nier que la pêche est un métier qui disparaît et que l’Europe a tiré un trait dessus au profit du poisson d’élevage, mais que les grands distributeurs continuent à vendre ce qu’ils peuvent (et ce qui est rare est cher). On ne peut nier une situation complexe dans laquelle le lobbying ne peut avoir que des effets primaires et des effets secondaires,et ce à tous les étages : les effets secondaires peuvent être dévastateurs … Face a face, reporter et association ecologiste, pris dans leurs préjugés, ne s’intéressent qu’à leurs intérêts propres qui ne sont pas les nôtres.


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