Vous dire si je suis tombée sur le cul en découvrant lundi sur la newsletter de 20 minutes ce titre aberrant : Pour Christine Lagarde en politique ou en affaires, les femmes projettent «moins de libido». J’ai immédiatement pensé : quelle c… ! En toute franchise, je ne vois pas ce que la libido vient faire dans les relations de pouvoir. Et honnêtement, je n’ai même jamais pensé que Christine Lagarde pût avoir la moindre once de libido. En tout cas, cela n’apparaît pas sur les photos, elle me fait étrangement penser à Magguy Thatcher, en aussi coincé. De toute façon, j’ai beau avoir de l’imagination mais sans doute parce que je ne suis pas du tout branchée cul, je n’imagine jamais personne sous cet angle là.
Cette révélation a été faite à Washington dans un entretien sur la chaîne de télévision ABC – mieux vaut être bien loin de la France pour proférer pareille connerie : «Oui. Je pense qu’on projette moins de libido, moins de testostérone» - en réponse à la question de savoir «si les femmes avaient une approche différente des hommes dans l’exercice de responsabilités publiques». Si la même interview avait été donnée sur TF1 ou France 2 à une heure de grand écoute, elle aurait à coup sûr fait se gondoler tous les machos de France et de Navarre et cet extrait aurait eu les honneurs du zapping de Canal +.
Elle concède toutefois «généraliser et être sûre qu’il y a des femmes qui agissent comme cela». Par “cela” elle entend que les femmes qui ont une approche «moins sexuelle» ! des relations de pouvoir : «Cela aide dans le sens où on ne va pas nécessairement investir nos ego dans une négociation, en imposant notre point de vue, en humiliant notre partenaire»…
C’est vraiment du grand n’importe quoi ! Si la libido au sens général n’était qu’une affaire d’hormones mâles (testostérone) ou femelles (oestrogènes) cela se saurait. Il ne faut nullement négliger l’ingrédient psychologique. De surcroît, le comportement qu’elle décrit – investir l’ego pour dominer les autres – n’est pas rattaché biologiquement à la libido. Il faudrait faire des études comparatives pour savoir si les machos ont plus de testostérone que les non machos. Peut-être cela a-t-il été déjà fait ?
Je crois plus sûrement que s’il y a une attitude moins dominatrice des femmes dans les relations sociales cette différence entre l’approche des hommes et celle des femmes tient bien plutôt à l’éducation. On leur inculque qu’elles doivent être douces et maternelles, on limite le plus souvent leurs ambitions à des métiers “féminins”, il y a nettement moins de femmes que d’hommes parmi les cadres, notamment supérieurs, et en règle générale le niveau de leur rémunération est nettement inférieur à celui de leurs collègues masculins. Quant aux femmes chefs d’entreprises de taille signifi-cative, elles se comptent sur les doigts d’une main ou pour le mieux, les deux mains. Ce n’est pas Olympe et le plafond de verre…
Il a fallu une loi pour imposer la “parité” pour les candidates aux élections politiques (scrutins de liste) et encore ! certains partis préfèrent payer une sorte d’amende plutôt que s’y soumettre. Personnellement, je rêverais plutôt qu’il n’y ait pas besoin de quotas, que l’on choisisse les personnes – hommes ou femmes – en fonction de leurs seuls talents et capacités à occuper tel ou tel poste. Ce n’est assurément pas pour demain et ce n’est pas la libido ou un peu plus ou moins de testostérone qui changeront la donne !
Les femmes devront être déterminées et pugnaces ce qui ne doit pas signifier pour autant qu’elles dussent écraser tout le monde sur leur passage : «Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage»…