Pauvres footballeurs chômeurs

Publié le 14 octobre 2010 par Laurelen
La Une de la Semaine a pris un peu de retard sur le planning. Normal, y avait un match.

Semaine du 04 au 10 octobre 2010.

J’aime bien la Une du Quotidien de jeudi, « tout va bien » avec la photo de Didier Robert. Juste avant, le journal s’est acharné à décortiquer « le bilan Robert » (Une du lundi) pendant trois jours et n’a pas trouvé que des points positifs, loin de là. Difficile donc de conclure « tout va bien » dès le lendemain, et après seulement six mois à la région… J’aime bien aussi « vos trois élus préférés » du Jir avec Bello, Dindar et Robert tout sourire, c’est bon enfant pour un samedi, comme un petit air de propagande, moi ça me fait sourire aussi mais en fait ça ne m’attire pas du tout. Le reste de la semaine tourne autour de scènes et faits divers de la vie réunionnaise, qui nous amènent tout droit à la Une du Quotidien de mardi : « footballeurs et chômeurs ». Voilà un titre qu’il est beau, y’a comme un truc qui sonne faux et pourtant interpelle. On ne sait pas si on veut faire une comparaison entre footballeurs et chômeurs, ou si on va parler de footballeurs au chômage, ou de chômeurs qui rêvent d’être footballeurs… C’est louche d’entrée, d’autant plus que le photomontage sur fond vert pelouse est tout à fait catastrophique. Quatre footballeurs en carré avec titre le titre au milieu, pris chacun par Photoshop dans des positions de jeu plus ridicule les uns que les autres, ça veut pas dire grand-chose, surtout qu’il y a deux ballons sur le terrain, ça compte même pas.
Page 42, on nous parle effectivement de quatre footballeurs réunionnais qui sont au chômage. Quoique. En fait, seul le premier cité, 26 ans, a vraiment du mal à trouver un terrain de jeu. Le deuxième, à 36 ans, est en manque de contrat et logiquement sur le point de raccrocher, mais on se doute bien qu’il va se recycler, tout comme le troisième, 35 ans, qui se reconvertit en entraineur. Le quatrième, quant à lui, « vient de s’engager à Shandong Luneng » en Chine, et « a donc tenté la juteuse expérience chinoise ». C’est un choix peut-être pas facile, on compatit, mais il est quand même payé pour taper du pied dans un ballon, y a pire, et il est donc pas encore prêt de pointer à l’ANPE…
Non, pour comprendre la subtilité de cette Une excellente, il fallait regarder les matchs de l’équipe de France. En fait, c’est sur le terrain même qu’il y a parfois des chômeurs, mais au sens figuré. Je ne suis pas un supporter, ça me prend de temps en temps de regarder une ou deux mi-temps, mais quand même, dites-moi les enfants, ça fait pas du bien de voir un match sans Domenech ? Un match avec un entraineur qui ne chôme pas sur le terrain, qui a de l’envie dans les yeux, et ne regarde pas au travers de ses binocles comme au travers d’un brouillard de bêtise épaisse de poisson frit… Eh, dites, ça vous fait pas du bien de voir des mecs qui courent avec la gnak, des types qui en veulent et n’attendent pas forcément que la baballe arrive droit dans les papattes, pour la mettre au fond sur un éventuel coup de bol ou une faute méchante. C’est-y pas bon de ne plus voir Thierry Henry ne servir à rien ?
Bon c’est vrai, c’est un peu tout nouveau tout beau, et puis ça reste des footballeurs, on ne les met pas tous dans le même panier mais on va pas s’extasier, on a vu le niveau intellectuel de Benzema dès sa sortie de l’aéroport lors de sa visite à la Réunion il y a un an. Les salaires de ces types restent quelque part inhumains, mais au moins ils ne sont pas complètement amorphes sur le terrain. Ils font ce qu’on leur demande, et même, ils s’amusent. Ça va pas nous remonter le PIB mais ça fait quand même plaisir. J’espère franchement que tous ceux qui se sont grillés la honte en Afrique du Sud ne réapparaîtront pas de sitôt.
D’ailleurs le Pirate a retrouvé un de ces vrais chômeurs, en 2030, au bar pmu « la guinguette » à Berck, dans le Pas de Calais. A 47 ans, Franck Ribéry tape plus dans le ballon de rouge que le ballon rond. La mort dans l’âme, il se repasse le film de tous les coups francs qu’il a loupés en 2010. Arrêté sur blessure pendant la quasi-totalité des trois saisons suivantes, on ne l’a pour ainsi dire plus vu sur le devant de la scène. Il a dilapidé sa fortune entre coups de pub foireux et procès minables, et revend ses photos dédicacées à moins de trois euros pour se payer des boutanches. Il est en fin de droit depuis presque dix ans, et à le voir, on croirait qu’il a fait ça toute sa vie.

Arthur