Ghislain Richer
Éditions JCL
262 pages
Résumé:
Après cinquante ans d'une existence paisible et sans histoire, par un froid matin d'automne, le destin de l'Université de Greenbrooke bascule, entraînant à sa suite le sort d'une élite hypocrite et frileuse, peu habituée à côtoyer le crime de si près. Selon la police, malgré un suicide apparent, le vice-recteur démissionnaire a bel et bien été assassiné, et le meurtrier, dont on sent la présence partout sur le campus, demeure invisible. François Faggione, professeur retraité de droit criminel, est alors mandaté par le recteur pour faire baisser rapidement la paranoïa collective en train de saper le moral de ses dirigeants. Mais les choses se compliquent...
Mon commentaire:
Polar universitaire, Meurtre sur le campus nous fait vivre une enquête interne au sein de l'université de Greenbrooke. Lorsqu'on découvre, par une froide matinée d'automne, le cadavre encore chaud d'un professeur, tout porte à croire qu'il s'agit d'un suicide. L'Université étant en pleine campagne de financement, les autorités s'engagent à enquêter le plus discrètement possible. On fait alors appel à un professeur retraité de l'université, criminaliste de renom, mais plutôt excentrique, pour aider l'inspecteur chargé de faire la lumière sur cette affaire. Difficile de découvrir la vérité quand il n'y a pas d'arme du crime, pas d'ennemis et peu d'indices.
L'essentiel du roman se déroule sur le campus ou près de celui-ci. Les différents personnages chargés de l'enquête rencontrent les témoins, les proches, les secrétaires et les professeurs afin de tenter d'élucider l'affaire. De fil en aiguille, les choses semblent se mêler encore plus mais le professeur Faggione est un brillant détective amateur et prend un malin plaisir à faire sortir de ses gonds l'inspecteur chargé de l'enquête.
Le roman est habilement construit et il est intéressant puisque l'auteur réussit à en faire une intrigue passionnante, en demeurant en vase clos soit le cadre très fermé des universitaires. Le déroulement du roman se situe essentiellement dans l'enquête. À part les crimes, il y a peu d'action, tout étant principalement vécu du point de vue intellectuel: la déduction, les pensées des personnages et l'enquête. L'enquêteur officiel et les déductions du professeur Faggione se croisent et se recroisent tout au long du roman. On entre littéralement dans la vie universitaire avec ses recteurs, doyens, directeurs et professeurs. On prend le pouls de la vie quotidienne près de ceux qui sont les acteurs de l'Université, entre luttes de pouvoir, guerres intestines et réputations à protéger... à tout prix.
Meurtre sur le campus est un roman de déduction et d'enquête bien ficelé, intéressant, qui se déroule dans un cadre universitaire passionnant. C'est un roman dont l'écriture cadre bien avec l'atmosphère d'érudition qui transpire du roman. Une belle découverte qui me donne très envie de me pencher sur le second roman de l'auteur, La quatrième station.
Un extrait:
"Quand j'avisai le professeur que j'avais le goût d'écrire un livre et de raconter les événements que nous avions vécus au cours des dernières semaines, il s'esclaffa :
- Un livre? Mon pauvre Lambert. Vous voulez écrire un livre. Vous avez de ces fantasmes.
- Il ne s'agit pas d'un fantasme, professeur ; il y a longtemps que j'y pense et ça y est, cette fois-ci, je crois avoir la bonne histoire pour mon premier livre.
-Un premier livre. Le premier d'une longue série de best-sellers, ironisa le professeur.
-Difficile de commencer par le deuxième de la série, répondis-je, sans me vexer.
-Je ne veux pas vous décourager, Lambert, et surtout, ne croyez pas que je veuille mettre votre talent en doute, loin de moi cette pensée... mais je me demande quelle sorte de lecteurs peuvent être intéressés par les inepties, les bassesses, les travers quoi, de notre petite bourgeoisie, universitaire certes, mais presque rurale tout de même.
-Inepties, bassesses, travers, vous avez de drôles de mots pour parler de meurtre, professeur." p.9