Au milieu de la mitraille et des hommes qui tombent en rafale, un brave militaire s’intéresse au sort d’un jeune soldat. C’est le futur timonier, un Mao présenté sous son meilleur jour, portrait que l’historien Jean-Louis Margolin se charge de rectifier dans les bonus.
Sans vouloir rallumer la guerre entre les impérialistes yankees et les communistes chinois, je préfère de loin la vision artistique d’Eastwood, ou de Spielberg quand il s’agit de revisiter l’Histoire, et ses conflits.
Si le fond historique ici demeure incontestable, le voici noyé dans un décorum, à la limite de l’hystérie et de la surenchère. Pour le plus symbolique des films, « Ma longue marche » de Zhai Junjie qui retrace « l’épisode le plus fameux de l’histoire du PC Chinois » selon Margolin, le réalisateur opte pour la vision d’un témoin de ce périple, revenant soixante dix ans après sur son passé.
Ce regard personnel sur un événement collectif, devenu mondial, idéalise à fond le propos, et le rend parfois d’une naïveté confondante. Je lui préfère tout son aspect documentaire, la marche en elle-même ou bien ces scènes étonnantes de rencontres avec les autres chinois qui ignorent encore tout de ce qui se passe dans leur pays. Au fur et à mesure de la marche, ils rejoindront l’armée rouge.
« Night attack » de An Lan est peut-être moins suspect d’idéalisme forcené.On retrouve le film de guerre dans toute sa restitution autour d’un classique du genre : l’attaque d’un aéroport japonais . L’aviation fait des ravages dans l’armée rouge , qui ignore encore tout de ces engins de fer . ‘ Mais , s’ils sont en fer, comment peuvent-ils voler ? » s’interroge l’un des soldats. A cette naïveté portée par l’ensemble de ses collègues s’ajoute un fil rouge tout aussi fragile que celui de » Ma longue marche » : l’intrusion d’un reporter au cœur de la bataille . Il s’agit d’une femme , idéaliste . Un autre visage de la Chine ?
LES SUPPLEMENTS
Le contexte historique
338 jours de marche, 10.000 kms, 15 combats de grande envergure, une escarmouche par jour. L’historien Jean-Louis Margolin pose les bases de ce qui allait conduire les soldats de l’armée rouge à construire le futur parti communiste chinois.
Il note les bons points du film, comme le comportement exemplaire des militaires chinois : « Contrairement à leurs prédécesseurs, ils ont toujours respecté l’ennemi, et ce que ne montrait pas autrefois le cinéma chinois c’est l’aspect humain de cette armée. On porte les blessés. ». L’ascension du futur chef suprême est également bien vu à ses yeux, « même si Mao apparaît comme un bon samaritain, gentil et compatissant, il était déjà à cette époque impitoyable ».
Le spécialiste regrette , le silence sur les désertions aux premiers jours de la marche (40.000 hommes environ) et le désespoir qu’engendre la mort de 80.000 soldats. « Il y a aussi une exagération de l’ampleur de certains combats, dont le final sur le pont en fer, dans -Ma longue marche- vraiment exagéré ».