Reste une curieuse distorsion entre le tome I et le tome II. Autant le I est ébouriffant par ses inédits, ses fac-similés, son appareil critique… autant le II peut sembler un peu tristement fonctionnel. Tout est là, mais pour le familier de l’œuvre, on ne découvre pas grand chose. Du côté des notes, par exemple, nous retrouvons les grands massifs : Le gant de crin, Le livre de mon bord, En vrac…Mais on attendait vraiment de l’inédit : il est un peu frustrant de ne retrouver que la collection de bloc-notes déjà publiés au fil des années dans des actes de colloques ou des numéros spéciaux. Le Comité Reverdy conserve le projet, semble-t-il, d’ « une édition complète des cahiers, blocs-notes et carnets de Pierre Reverdy » (p. 1525). Tant mieux, mais cette édition aurait pu être l’occasion de donner à lire une part conséquente d’inédits véritables. De même, l’appareil critique est ici réduit à une centaine de pages, la moitié de ce qu’il était dans le tome I. On comprend très bien les nécessités éditoriales qui font qu’un volume de la collection « mille et une pages » ne peut pas en faire 3000… Mais on regrette un peu, en tant que lecteur, de sentir trop peser la contrainte « fonctionnelle » sur ce volume. C’est d’autant plus sensible que le tome I avait proposé une vraie surprise joyeuse de lecture et de découverte. Disons que le tome II remplit son rôle, mais que l’on sent peser le cahier des charges.
Il n’en reste pas moins que ces Œuvres complètes sont un magnifique travail de mise à disposition d’une œuvre majeure pour un large public. Cela reste le point le plus important, en mémoire de Reverdy. Et c’est chose faite, donc on ne peut que remercier.
Antoine Emaz
Pierre Reverdy
Œuvres complètes, II
Flammarion, Collection : Mille & une pages, 2010
1620 pages, 30 €