En 2007, paradant comme un capitan -- capitan désigne un personnage guerrier vantard, fanfaron, matamore -, Minimus ne jurait que par cet avatar de la religion ultra-libérale : le bouclier fiscal !
C’était sa façon de faire revenir au pays les affairistes et les riches français exilés dans les pays limitrophes afin de booster l’économie. C’était aussi l’occasion de faire de jolis cadeaux à des personnages pas très nécessiteux, comme madame Bettencourt et ses 30 millions d’euros.
Malgré les vives protestations suscitées par une mesure qui ne cachait pas le penchant de Minimus pour ses amis de classe, il persistait et signait. Ses subalternes, toujours prompts à baver devant le Maître, comme Luc Chatel, claironnant que le bidule fiscal était une « vraie conviction ». C’est beau les idées !
Un peu plus de trois ans après son élection, au milieu d’une tempête sociale qui gagne du terrain, c’est par la voix de son futur ex-Premier ministre, François-le-discret, que nous apprenons que le Bouclier en question n’était pas « un sujet tabou ». Traduction : « nous pouvons très bien le supprimer ». Adieu religion ! Aux oubliettes l’engagement de campagne, ce « signal durable aux investisseurs », comme le proclamait le félon Éric Besson avec cet aplomb de jésuite qui le rend si agréable auprès des citoyens qui ont su garder une certaine idée de la dignité.
C’est donc officiel, l’homme qui ne recule jamais devant rien ni devant personne, avalant comme un forain en représentation un boa constrictor, a donné ordre de supprimer dès 2011 le bouclier et l’ISF.
Au mess des officiers UMP, ce revirement trouble la troupe au plus haut point. Par ces temps de tensions extrêmes et de manœuvres épuisantes sur le terrain -- les grèves reconductibles s’enchaînant, les manifestations prenant du volume -, le barda posé au pied des sièges, ils n’imaginaient pas voir leur idole plier bagage et faire marche arrière sans autre formalité. Pas lui. Pas Minimus !…
Chez certains offs, le coup est dur à digérer et ils ne cachent pas leur désarroi. Bref, ça couine en cuisine. Les commandes sont mal prises et au service on se trompe de table et de clients. Le repas est déplorable et la cantinière désagréable. A ce point de confusion, il suffirait de pichenette pour que le bel édifice de la Sarkozie ne s’écroule comme château de carte.
Le paradoxe, puisque paradoxe il y a, vient du vide de la pensée sarkozyste. Aucune solidité. Du vent et de l’esbroufe à la place des idées et des valeurs qui sont le ciment de toute idéologie «durable» et, pourquoi ne pas le dire, respectable eu égard aux convictions qu’elle proclame, dès lors qu’elles sont sincères. Or on ne gouverne pas la France comme on gère cette bonne commune de Neuilly-sur-Seine !
Voilà, entre de multiples autres raisons, pourquoi nous ne devons pas céder et continuer à proclamer notre droit à un débat démocratique sur les retraites. Remettre la loi à plat et asseoir les bases d’un projet équitable, avec le souci de défendre la démocratie et une certaine idée de la justice sociale. Même si nous n’avons pas tous les mêmes intérêts -- ne soyons pas naïfs -, nous nous devons d’aller jusqu’au bout de notre démarche en manifestant notre réprobation, et ce dès samedi 16.
Le vin est tiré, il faut le boire !