Ce n’est pas moi qui le dit – vous pensez bien que je n’oserais pas !
- mais le syndicat Unité Police/Force Ouvrière – majoritaire parmi les gardiens de la paix – qui dénonce les méthodes de la direction départementale de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône «qui s’épuise à dévaloriser le nombre des manifestants alors même que la mobilisation s’amplifie» lis-je sur le NouvelObs Marseille : un syndicat policier dénonce le comptage des manifestants (13 octobre 2010). A cet égard, en rentrant hier soir de la manif j’ai entendu sur BFM/TV un syndicaliste FO qui ne mâchait pas ses mots. Remonté comme une pendule !J’ai vu passer hier au carrefour entre la rue de Rennes et le Bd St Germain (lieu du regroupement du Parti socialiste) une forte délégation des policiers FO. Evidemment ceux qui n’étaient pas en service car s’ils ont le droit d’être syndiqués, ils n’ont pas le droit de faire grève. Les gendarmes – appartenance à l’armée oblige – n’ont ni l’un ni l’autre. Nicolas Sarkozy comme la hiérarchie policière oublient que les policiers sont des salariés et des citoyens comme les autres. Sur leur banderole, ils réclamaient la reconnaissance de la pénibilité et de la dangerosité de leur métier.
Je ne peux que leur donner raison. Si l’on m’avait dit en mai 68 que je prendrais la défense des flics ! Encore, que connaissant dans mon entourage de simples flics de base qui forçaient le respect, je fisse parfaitement le départ entre eux et les CRS ou gardes mobiles qui avaient la matraque facile. Comme les infirmières, et pas mieux payés, ils font à l’évidence un travail pénible. Ceux qui dorment bien au chaud dans leur lit pendant qu’ils travaillent la nuit devraient réfléchir à deux fois avant de les obliger à travailler jusqu’à 62 ans.
Le cas est d’ailleurs identique pour les pompiers. Or, tous le disent : à partir de 55 ans, ils n’ont plus la force physique suffisante pour assurer les missions périlleuses auxquelles ils sont confrontés. Les obliger à travailler plus longtemps est criminel : à la fois pour eux-mêmes et pour les victimes qu’ils doivent secourir au péril de leur vie s’ils échouaient en raison de défaillances physiques.
Quant à la dangerosité, n’en parlons même pas ! Il suffit de suivre l’actualité, même du coin de l’œil pour savoir que tant les flics que désormais les pompiers sont la cible de choix des malfrats de banlieue et de la pègre qui n’hésite pas à défourailler (et maintenant avec des armes de guerre !). Nicolas Sarkozy n’est pas avare de sa larme à l’œil habituelle, compassion de pure façade, quand il décore à titre posthume des policiers victimes ou se rend à leur chevet à l’hôpital. Mais dès qu’il s’agit d’augmenter les effectifs – bien au contraire, il n’a cesse de les diminuer – ou de leur accorder un régime de retraite conforme aux difficultés qu’ils rencontrent, basta ! Il n’y a personne au numéro que vous avez demandé…
Or donc, Sarko et la hiérarchie policière - évidemment d’autant plus complaisante qu’ils ont les foies, sachant bien que comme les préfets ils risquent de sauter plus vite que leur ombre s’ils lui déplaisent d’une façon ou d’une autre – ne devraient pas oublier que les policiers sont des citoyens comme les autres. Qui votent. S’il y a des syndicats policiers proches du pouvoir (comme Alliance) ceux qui manifestent sont plutôt de gauche ou pour le moins républicains, attachés aux valeurs de la démocratie et de l’Etat de droit. Ces flics en en ont plus que ras-le-képi ou la casquette d’être «instrumen-talisés» en permanence pour le seul bon plaisir du prince et ses lubies.
Le plus marrant, s’agissant d’instrumentalisation – supposée – par le Parti socialiste étant de voir l’acharnement des chiens de garde de l’UMP (Sarkozy vient de s’y mettre à son tour) contre Ségolène Royal – l’inconsciente criminelle ! - qui a osé appeler lycéens et étudiants à rejoindre les cortèges des syndicats. J’y reviendrais ailleurs car cela demande d’amples dévelop-pements. Je ne voudrais pas brider ma plume assassine.
Or donc, à Marseille où les chiffres du nombre de manifestants varient de 24.500 personnes (police) à 230.000 personnes (syndicats) – un écart de 90 % ! - les policiers FO regimbent et dénoncent «Ce procédé comptable inacceptable qui confond les limites entre politique et service public». Affirmant – on ne saurait être plus clair – que «ce ne sont pas les fonctionnaires de police de terrain chargés de procéder à ces évaluations qui sont en cause».
Si l’on sait lire entre les lignes, ce sont donc les “cabinets noirs” de la haute hiérarchie qui passent du temps à trafiquer les chiffres. N’ont-ils donc rien à foutre de plus important ? Ce sont les impôts des citoyens qui servent à ces opérations politiciennes alors que la police est censée être là pour les protéger : elle protège l’image de Sarko ou de la France telle qu’il la voudrait. Tout acquise à sa politique et sans manifestants pour la contester.
Exactement comme les bureaux de l’Elysée occupés sans cesse à “améliorer l’image” de notre «(Little) Big Brother» ou à produire des «éléments de langage» pour tomber à bras raccourcis sur le Parti socialiste en général et Ségolène Royal en particulier, quand ce n’est pas également Martine Aubry qui fait les frais de leurs foudres assassines. Ça doit les faire chier au plus haut point maintenant que les deux dirigeantes s’entendent visiblement comme larronnes en foire contre la politique de Sarko !
D’habitude, ce sont Sarko & ses sbires qui «recadrent» à tout va ceux qui ne vont pas dans leur sens. Cette fois, ce sont les policiers de F.O : “A force d’oublier que le rôle de la police nationale est de livrer des estimations pertinentes (c’est moi qui souligne) à l’appui d’un constat réel, et par voie de conséquence de travestir avec le plus grand des mépris la contestation sociale, ce sont les services de police que l’on finit par ridiculiser”,..
Cette mise au point a le mérite d’être claire. Les policiers ne veulent plus porter le chapeau. Ils partagent exactement la même condition sociale que ceux qui défilent en rangs de plus en plus compacts dans les manifestations. Comment se sentiraient-ils solidaires d’un pouvoir qui favorise outrageusement les nantis alors que toute sa politique sociale consiste à plumer toujours plus les pauvres et les classes moyennes ? Elémentaire, mon cher Watson. Et pourtant, Nicolas Sarkozy et sa clique sont incapables de le comprendre et surtout, de l’admettre.