La critique
Adolescence, rébellion, liberté
Beth (Judith Godrèche) est au lyçée et s'apprête à passer son BAC. Elle vit une relation plus ou moins passionnée avec un garçon de son âge qui la met au défi de coucher avec le premier moche venu. Lassée, Beth aimerait bien se venger de lui. Passionnée de Rimbaud, elle rêve d'une vie plus riche et intense, un nouveau départ. Car dans la vie de Beth rien n'est vraiment facile : sa mère est malade et à court d'argent. Pour avoir de quoi vivre, Beth va même être amenée à devoir coucher avec son vicelard d'oncle. Au grè des rencontres (avec des garçons) et des discussions, la demoiselle va petit à petit réfléchir à sa future vie de femme...
Benoit Jacquot est décidément très doué pour les portraits de jeunes filles. Il offre à Judith Godrèche un de ses plus beaux rôles , celui qui l'a d'ailleurs révélée. Beth la rêveuse, Beth la passionnée, Beth celle qui est souvent en colère contre les garçons. Des garçons qui sont soit trop dangereux (à l'image de cet adulte qui n'hésite pas à sortir ce vilain couteau phallique) soit trop inoffensifs. Les dialogues font mouche, chaque plan est une véritable bouffée d'air frais. La désenchantée est un film témoignant d'une jubilatoire liberté. Car son héroine, bien que très contrariée, peut s'avérer très impulsive et semble capable de tout. Se balader à ses côtés dans un Paris filmé amoureusement ne peut donc être qu'un régal. Passage de l'adolescence au monde adulte, confrontation entre filles et garçons et entre filles et hommes, quête profonde de soi : autant de thèmes abordés avec naturel et souvent lucidité. A voir en DVD avec le superbe Making off de Benoit Jacquot qui explique pourquoi Judith Godrèche ne veut plus parler de ce film (l'actrice aurait décidé de changer de vie peu de temps après).