Astarté
J'ai rêvé de Ninive, d'Assur, de Babylone,
De contrées prodigieuses, de monstres et de gorgones,
Mon âme échouée sur des rivages antiques
Voit danser les sabbats de l'orient fantastique.
Egaré en ce monde aux colonnes rougeoyantes
Perdu tel Ulysse sur une mer déchaînée,
Priant pour qu'une main m'arrache à la tourmente,
Voyageur solitaire loin des miens naufragé.
Apparaît soudainement tel qu'un éclair d'airain,
Une Déesse de feu et de ténèbres mêlés,
Brûle dans sa main le glaive d'Astarté
Et dans son regard sombre les forges de Vulcain.
Qui es-tu, ô prodige, fille de quel Dieu ?
Sauras-t-u à mon coeur indiquer le chemin,
Celui de mon Ithaque où je suis désireux
De revoir scintiller l'étoile du matin.
Je suis l'aurore claire, la Divine promesse,
Les premiers feux de l'aube qui annoncent le jour,
Qui pourfend les cauchemars de lumière enchanteresse,
L'étoile du berger qui guide le retour.
Je suis dans tes ténèbres comme une lueur ardente,
Et quand tes temples brûlent, qu'on saccage tes tours,
Je porte sur tes lèvres le calice de l'Amour,
Qui érige d'un souffle des cités flamboyantes.
Si tes contrées paisibles charrient des fleuves de sang
Et que tes havres clairs sous le joug s'abattent
De mes lèvres surgiront des villes de lilas blancs,
Des jasmins parfumés et des roses écarlates.
Un jour femme fragile je poserai mon glaive
Pour partir avec toi vers tes rivages blancs,
Passées toutes les tempêtes je guetterai les grèves,
Blottie dans tes ténèbres comme une lune d'argent.
Je me suis éveillé de ce sommeil Glorieux,
Dormait tout contre moi la promesse des Dieux,
Une douceur exquise, la caresse d'une main
Et dans son regard sombre les forges de Vulcain.