Je ne sais pas si les Français en sont conscients - bien enfumés par la propagande des Sarko, Fillon, Woerth et tutti quanti de l’UM/Posture – mais les cheminots ou autres personnels de la RATP qui se mettent en grève n’ont rien à gagner : ils ont déjà été proprement plumés par la réforme des «régimes spéciaux» en décembre 2007 (il n’avait pas attendu longtemps après son élection, le Sarko ! l’ennemi à abattre : ceux qui avaient provoqué les grèves de décembre 1995 et le départ de Juppé «le meilleur d’entre nous»)… Dans l’indifférence sinon l’hostilité quasi générale : il fallait mettre fin à ces honteux «privilèges» ! Diviser pour régner. Rien de bien nouveau sous le soleil.
Il ne fallait pourtant pas être grand clerc pour subodorer que ce premier étage de la fusée sol-sol destinée aux travaux préliminaires des chantiers de la démolition sociale serait suivie de beaucoup d’autres missiles – la croisière ne s’amuse plus ! – scuds et autres drones. En n’ayant garde d’omettre tous les ballons d’essais : ils foirent bien souvent mais nos apprentis sorciers-dicta-teurs reviendront constamment sur l’ouvrage jusqu’à ce que l’opinion publique soit suffisamment non point convaincue mais complètement lasse.
Or donc, hier la démolition des régimes spéciaux de retraite. Aujourd’hui celle du régime général. Demain, d’autres mesures de destruction du peu qu’il reste d’Etat-providence. Les cheminots ne s’y trompent pas. Ils luttent aussi bien pour eux (quels nouveaux honteux avantages et privilèges devront-ils y perdre ?) que pour leurs enfants et l’ensemble des salariés. Faire reculer le pouvoir sur la réforme des retraites – mère des réformes pour Sarkozy – serait un pas essentiel pour stopper cette machine infernale destinée à faire exploser toute la protection sociale.
J’imagine déjà la tronche de Sarko qui tire déjà une gueule pas possible : quoi ! les Français ne l’aiment plus, ne veulent pas de ses réformes si bonne pour eux (qu’il dit mais nous savons bien que c’est uniquement pour satisfaire le Medef, les marchés financiers et les agences de notation suppôts de l’ultralibéralisme). Dépité – le mot est faible – le fanfaron qui s’enorgueillissait conne-ment d’être le seul à avoir eu le courage de faire cette réforme devant laquelle tous les autres – de droite comme de gauche avaient reculé.
Sans même s’interroger sur la raison : une réforme injuste qui ne règle rien pour l’avenir et que refuse la grande majorité (70 %) des Français. L’intelligence – à condition d’en avoir
En décembre 1995, les cheminots et autres agents des services publics se battaient non seulement pour défendre leurs avantages acquis mais aussi pour éviter la même chose aux salariés du privé. Une grande part de l’opinion publique ne s’y trompait pas. Ce n’est pas pour rien que l’on parla alors de «grève par procuration» : les salariés du privé, déjà bien mal traités ne pouvant cesser le travail sous peine de perdre leur emploi, leur en savaient gré. En dépit de la gêne occasionnée par le blocage du trafic.
En octobre 2010, s’ils poursuivent leur mouvement, ce qui implique des sacrifices financiers non négligeables – ne croyez surtout pas la propagande habituelle : on ne leur fait cadeau d’aucune journée perdue ! et en décembre 1995 la pilule des trois semaines de grève leur fut financièrement parlant particulièrement dure à avaler ! – c’est pour nous tous. Bien loin d’un esprit corporatiste que d’aucuns ne cessent de leur reprocher.
Mesdames et messieurs nos camarades cheminots, et autres personnels des services publics, RATP, etc. je vous salue chapeau bas. D’avance, merci. Quelle que fût l’issue de ce conflit, que nous gagnions ou perdions la bataille des retraites, vous aurez fait preuve d’un rare esprit de solidarité en ces temps délétères et si durs pour nous où l’individualisme fait force ravages.