Cette orientation s'impose d'emblée sur l'intro de "Naked unborn child" aux airs orchestraux que suit un folk dépaysant, joué à l'aide d'instruments fabriqués de toutes pièces, lesquels permettent des sonorités inédites et attrayantes. La voix, grave et chaude, incantatoire, venant s'ajouter à cette trame insoumise qui annonce un contenu sans failles.
"Last train to Vatican" confirme ensuite non seulement la valeur des morceaux du disque, mais aussi l'ouverture du quatuor, qui signe avec ce second morceau une plage folk superbement jouée, à l'acoustique avenante... qu'une électricité retenue, inspirée mais acidulée vient seconder. L'intérêt des morceaux est optimal, le climat allie instants de clarté et obscurité bridée, jamais excessive, et on peut ensuite profiter d'un "Akilam (Postcard From Earth) "qui nous régale de ses élans lo-fi évoqués par Sam sur son Myspace, sur un titre lancinant oscillant entre élégance et souillures noisy en arrière-plan, les deux cohabitant pour un résultat ici encore irréprochable. La fin de ce titre offrant même un chaos noisy-folk somptueux qui s'éclaircit en sa fin et entérine définitivement l'individualité de Sam Nolin.
"Catacombs", la chanson suivante, creuse le sillon de ce folk qui sort des sentiers battus, avec sa trame à la fois de plus en plus vive et brouillée, à l'effet presque psyché, l'organe de Sam étant de toute évidence d'un grand apport et en parfaite symbiose avec une instrumentation imaginative d'où émerge l'iranian setar de Nil Nosma.
"Circus song" et ses prétentions plus "normales" vient alors compléter le tableau musical des intervenants, par le biais d'un climat dans un premier temps strictement folk, qui s'accélère sur la fin mais sans réellement "dévier", ce qui a pour effet de mettre en valeur le "petit monde" de Sam Nolin en y apportant aussi un côté "normé". Avec cerise sur la gâteau le sharmanka d'Alexandre Legarez qui accroît la particularité de son enrobage sonore.
C'est alors qu'arrive la pièce majeure de Postcard From Earth sous la forme de "Manhattan", long de plus de dix minutes et enjolivé par les guitares de (entre autres) Jullian Angel et Sammy Decoster. Aussi soigné que zébré de stridences noisy délectables, légèrement surf sur son amorce à l'occasion de laquelle on pense aux excellents French Cowboy, cet ultime morceau s'avère être l'un des longs formats les plus épatants qu'il nous ait été donné d'entendre ces derniers temps, et se scinde avec le plus grand naturel en deux parties distinctes et complémentaires, mettant fin dans la superbe à un Ep plus que probant, qui donne l'irrépressible envie de se plonger dans les différentes productions discographiques du groupe décrit en ces lignes.
En bref : six titres de caractère, hors-normes et aboutis, de la part d'un groupe hautement talentueux et n'ayant de cesse de se forger une identité déjà affirmée.
Le Myspace de Sam Nolin
"Manhattan" :