Un conseiller à conseiller

Dans Le Monde daté du 12 octobre, Arnaud Leparmentier signe un article intitulé « L’Elysée face aux deux inconnues de la semaine sociale ». Dans sa conclusion, il rapporte ces propos du Président du Sénat, M. Larcher « Ce qui s’exprime, c’est une attente d’équité. ». Il enchaîne avec une « réflexion » d’un conseiller de l’Elysée : « Tout n’est pas qu’un problème d’inégalité de salaire homme femme. Il n’est pas juste que ceux qui ont des enfants financent la retraite de ceux qui n’en ont pas ».

Quelle élévation d’esprit, quelle profondeur de vue ! En fait, les actifs, quelle que soit la taille de leur famille, cotisent pour la retraite, à proportion de leur salaire, qui est lui-même indépendant de leur situation familiale, afin de financer les pensions de leurs aînés. L’impôt sur le revenu corrige en partie cette neutralité du salaire par le biais du quotient familial. C’est ainsi que les célibataires sont sensiblement plus taxés que les autres, ce qui est un pas vers la justice désirée par ce conseiller qui, me semble-t-il, a un urgent besoin de conseils.

A-t-il pris conscience du fait que les personnes sans enfants financent par leurs impôts des écoles qu’elles n’utiliseront pas, leurs parents s’étant chargés de payer celles où elles ont été éduquées ? De la même manière, des contribuables qui ne possèdent pas d’automobile se trouvent régler les frais de construction et d’entretien du réseau routier. On pourrait citer de nombreuses autres situations que ce conseiller élyséen jugera injustes. Scandale ultime, les jeunes cotisent pour la Sécurité Sociale alors que chacun sait que ce sont les plus anciens qui consomment l’essentiel du budget de la Santé.

Pour que ce conseiller commence à mériter son salaire, il est de la plus extrême urgence de le muter à un poste de conseillé. On lui enseignera alors ce que sont la solidarité, une société unie, la vie d’une nation, celle qui a inscrit la fraternité au fronton de ses mairies et de ses écoles, en un mot lui apprendre ce qu’est cette fameuse identité nationale française, si chère à ceux qui la salissent sans vergogne depuis trop longtemps.