Lundi matin, la radio nous a appris qu'un vieux monsieur, ancien prix de Nobel d'économie, s'en est allé. Et puis, la voix est passée à une autre information, s'attardant sur le riche week-end sportif...
Il s'appelait Maurice Allais. Il n'avait pas droit de cité dans les médias dominants...
[1]
Pourtant, le bonhomme ne remettait pas en cause le capitalisme, ni le libéralisme... Il était même considéré comme un économiste libéral, invité en 1947 par Hayek lui-même...
Mais, il avait une fâcheuse tendance à critiquer la mondialisation, le libre-échange dérégulé et la politique économique et monétaire de l'Union européenne.
Maurice Allais n'avait pas le profil de l'économiste formaté pour les médias dominants, d'autant que sa stature et ses compétences, reconnues par ses pairs, auraient empêché les éditocrates à la Chabot ou à la Jean-Pierre Elkabbach de balayer ses idées d'une formule méprisante ou d'un revers de main.
Allais, c'était du sérieux et du lourd, beaucoup trop : imaginez-le au JT de TF1, ou dans une émission en prime-time, casser un à un les dogmes de l'idéologie néo-libérale érigés en vérités absolues par le système politico-médiatique ?
Impensable.
Imaginez-le débattre avec les Minc, les Attali, les Cohen, les Baverez et autres Sylvestre ? Il aurait ridiculisé et pulvérisé ces économistes de pacotille du système médiatique !
Impensable.
Vous imaginez entendre un tel discours :
«les effets de cette idéologie libre-échangiste, aussi funeste qu’erronée, ne se bornent pas au développement massif du sous-emploi. Ils se sont traduits également par un accroissement des inégalités, par une destruction progressive du tissu industriel français, par un déséquilibre de toute la société. Cette invocation du « consommateur », de son bénéfice supposé, sert à masquer d’autres intérêts. Car les groupes dirigeants de l’économie sont devenus de plus en plus riches alors que les pauvres sont devenus de plus en plus pauvres.»[2]
Ou encore :
«la libéralisation totale des échanges à l’échelle mondiale, objectif affirmé de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), doit être considérée à la fois comme irréalisable, comme nuisible, et comme non souhaitable. Elle n’est possible, elle n’est avantageuse, elle n’est souhaitable que dans le cadre d’ensembles régionaux économiquement et politiquement associés, groupant des pays de développement économique comparable, chaque association régionale se protégeant raisonnablement vis-à-vis des autres.»[3]
Impensable.
Et pourtant, les médias dominants ne cessent de vanter la pluralité de l'information qu'ils sont censés promouvoir et défendre... en faisant l'inverse !
Et désormais impossible.
Messieurs les censeurs, merci !
Notes
[1] (C) Photo collections ENSMP
[2] Fakir - Maurice Allais : « Contre le mondialisme, vive le protectionnisme ! »
[3] Geopolintel - L’indispensable préférence communautaire