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Retraites : la place des jeunes est-elle dans la rue ?

Publié le 13 octobre 2010 par Hmoreigne

 Une nouvelle fois Ségolène Royal a mis les pieds dans le plat en appelant hier soir sur TF1 (cf vidéo) les jeunes à se joindre dans une mobilisation pacifique au mouvement social contre la réforme des retraites. Hallucinant, démagogique et irresponsable s’emporte la droite qui dénonce une instrumentalisation de la jeunesse. A l’inverse, l’ex candidate des socialistes aux présidentielles met en avant la solidarité générationnelle. Pas si simple.

“Génération sacrifiée”, le terme revient dans de nombreuses bouches à gauche. Quelques heures avant Ségolène Royal, Martine Aubry avait, sur Europe 1, estimé que : “Le Premier ministre prend vraiment les jeunes pour des enfants. Les jeunes malheureusement ont l’impression d’être une génération sacrifiée. Ils connaissent aujourd’hui la dureté du marché du travail, la précarité et ils savent calculer, comme tout le monde“.

A juste titre la jeunesse a des raisons d’être inquiète pour son avenir tant l’héritage que leur laissent les anciens semble chaotique : une dette colossale de 1500 milliards, un environnement dégradé, une économie naufragée. Leur présent n’est déjà pas très joli avec un système éducatif essoufflé, déconnecté de la vie active avec des universités parking à chômeurs, avec en ligne de mire un taux de chômage des jeunes de 18% et un taux de pauvreté de 12%.

Plus soucieuse de rassurer son électorat vieillissant que d’être pédagogique à l’égard des jeunes la droite se retrouve dans une situation paradoxale. Elle conduit aujourd’hui dans l’hostilité générale une réforme destinée à pérenniser le système de retraite et donc au final censée profiter aux jeunes.

Des jeunes accusés de se tirer une balle dans le pied en défendant la préservation du niveau de vie des plus de 65 ans à leur détriment. Rien ne serait pire qu’un statu quo favorable aux plus âgés affirment de nombreux observateurs. A courte vue oui. Car on peut espérer qu’intuitivement la jeunesse a conscience que l’orientation qui sera donnée à la réforme des retraites pèsera sur tous les autres dossiers dans la recherche d’une équité à la fois horizontale et verticale, c’est-à-dire générationnelle.

Ce matin sur France Inter, François Baroin, ministre du budget, affirmait que la réforme des retraites était une réponse à une question démographique. Faux affirme Jean-François Couvrat. Pour le journaliste économique du Monde, “On peut tout dire de la réforme des retraites, sauf qu’elle est dictée par une contrainte démographique. Elle vise en réalité à réduire la part de la richesse nationale consacrée au financement public des pensions “.

Plus que d’inciter les jeunes à alller battre stérilement le pavé, il faut les inviter à se construire une conscience politique, gage de leur liberté de pensée. La ligne de fracture n’est pas là où l’on croit. Elle demeure autour de l’idée de partage formalisée par les 35 heures. Un partage qui comme une bouteille à demi vide ou pleine peut être considéré comme celui de la richesse ou de la misère. En l’occurrence celui du travail ou du chômage.

La question de l’âge de la retraite est du même acabit. Faire partir les seniors au plus tôt libère-t-il mécaniquement des places pour les jeunes ? Au principe scientifique selon lequel « les hypothèses les plus simples sont les plus vraisemblables » s’oppose la citation de HL Mencken selon laquelle « Pour chaque problème complexe, il existe une solution simple, directe… et fausse ».

En s’appuyant sur de nombreuses études d’économistes, Eric le Boucher considère qu’il faut augmenter la population active pour créer plus de postes. Une affirmation consolidée à ses yeux par le simple constat qu’avec le taux d’activité des seniors le plus bas d’Europe, la France a l’un des taux de chômage des jeunes le plus fort.

Il apparaît dès lors que la réforme des retraites n’est qu’un leurre destiné à détourner les français des véritables enjeux : assurer la compétitivité de notre économie, seul moyen de s’assurer des retraites heureuses par une protection sociale et des niveaux de pensions préservés. C’est bien de cela dont nos jeunes doivent avoir conscience.

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