Dans la morne rentrée littéraire marocaine, un livre vient nous secouer, en rappelant les années de plomb !
Certains esprits blasés diront que le sujet commence à s’user avec le temps et que la littérature carcérale s’essouffle ou se répète.
M’hmad LACHKAR vient de faire la preuve du contraire : témoigner constitue une nécessité morale et historique. Il témoigne ainsi de son passage au centre de détention de Casablanca-Anfa connu sous le vocable de “COURBIS” (déformation populaire de COPRES).
Dans “COURBIS, mon chemin vers la vérité et le pardon”, paru en septembre 2010 chez Saad Warzazi Editions, le médecin d’Al Hoceima nous parle avec la sérénité de l’homme mûr et pondéré d’une partie très courte de sa vie, mais extrêmement douloureuse.
Douloureuse comme toute période de privation arbitraire de liberté, douloureuse comme tout séjour dans des centres de détention hors de toute norme, douloureuse comme toute rencontre avec des tortionnaires dénués de toute humanité, douloureuse comme toute injustice subie du simple fait de sa simple origine!
Pourquoi ce témoignage trois décennies après les évènements?
Conscient que son calvaire personnel était « de second rang» en comparaison à d’autres militants, M’hamed Lachkar nous explique qu’il a pourtant entrepris un long et délicat travail sur lui-même avant de nous livrer son expérience !
Et c’est en cela que je trouve que ce « témoignage » prend toute sa valeur humaine et psychologique.
Par ailleurs, M’hmed Lachkar aborde des problèmes essentiels, sans malheureusement les approfondir, comme celui du pardon qui fait partie du sous-titre de son livre.
Il se reconnait simplement comme n’éprouvant « sans aucun sentiment ou soif ou de vengeance ».
« Aujourd’hui qu’il se sent apaisé », le docteur Lachkar – blogueur émérite mais peu connu des internautes marocains - nous livra-t-il d’autres prochaines réflexions, peut-être sur ses activités d’acteur de la société civile ou de façon plus générale sur sa région au passé tourmenté et à l’avenir en construction ?
En tout cas, un écrivain est né !