François Virot, LaPlage, Paris, 23 septembre 2010
Le 23 septembre, la rentrée est déjà bien avancée et le temps commence à se faire plus maussade, mais l’équipe de Glazart est optimiste et a décidé de faire durer l’été sur sa plage jusqu’à la fin du mois. La foule est relativement clairsemée mais impatiente de (re)voir, deux ans après la sortie de son album, l’infatigable François Virot en solo. Après une année bien remplie par la sortie des LP de ses deux groupes, Clara Clara (lire l’interview) et Reveille, le Lyonnais a accepté, pour une date unique, de revenir délecter son public parisien de ses ballades folk-pop délicates et cabossées. Adepte de la première heure, Hartzine était au rendez-vous, caméra, appareil photo, stylo en main et oreilles en bandoulière.
François Virot, ce n’est qu’un mec tout seul avec une guitare, et pourtant la différence entre sa musique et celle des autres mecs tout seuls avec une guitare est flagrante, comme l’a révélé à ses dépens Thee, Stranded Horse, chargé ce soir-là d’assurer la première partie. Le jeune homme, issu de l’écurie Talitres, dispense une folk élégante et sensible et manie ses instruments, kora en tête, avec beaucoup d’habileté, mais comparée à la prestation qui va suivre, la sienne reste relativement lisse. Le public lui réserve néanmoins un accueil chaleureux et mérité tandis que mes collègues Hartziners, dissipés, délaissent la scène pour la piste de pétanque. On ne peut pas être de bons élèves tous les jours, que voulez-vous.
A l’arrivée de François Virot sur les planches, nous délaissons jeux de plage et pastis pour rallier l’avant de la scène histoire de profiter un maximum de sa prestation qu’on prévoit courte, fraîcheur automnale et tendinite obligent. Le jeune prodige signé chez nos amis de Clapping Music se lance avec quelques titres du premier album de Reveille (Time And Death, I’m Yours…), le groupe qu’il a récemment formé avec la batteuse Lisa Duroux. Ces versions acoustiques, dépouillées de tout élément superflu, exacerbent la qualité du songwriting de François, à la fois gracile et sans complaisance. Sa musique paraît toujours aussi familière et schizophrène - la joie qui y transparaît cohabite avec la gravité de ce grand gamin timide dont on imagine que les prestations en solo ne font pas partie des exercices dans lesquels il se sent le plus à l’aise. Vêtu d’un t-shirt du MIDI Festival qui rappelle sans doute de beaux souvenirs à certains, il enchaîne avec quelques titres de son excellent opus Yes Or No (Cascade Kisses, Not The One, Island…) reconnus et acclamés par les fans dès leurs premières notes, puis avec une ou deux nouvelles compositions qui sentent encore la peinture. On y retrouve ce qui fait tout le charme de l’art de François : une musique terrestre et attachante, à mille lieux de la folk éthérée de ses collègues, pleine de ces aspérités et de ces petits défauts qui font la vie. François Virot a les pieds sur terre et la tête pas si loin de là - au milieu de son foutoir mêlant bonheur mélancolique et nostalgie pop, on se sent tout simplement chez soi.