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À la bourse, les préjugés appauvrissent

Publié le 13 octobre 2010 par Fabien Major @fabienmajor

Et certains mythes ont la couenne dure…
À la bourse, les préjugés appauvrissent

Pas plus tard que le 14 septembre dernier, et alors que j’étais en attente de mon café matinal, j’ai pu comprendre aisément que la bourse attirait des investisseurs néophytes, dotés d’un niveau de connaissances inversement proportionnel au degré de confiance qu’ils démontrent. L’histoire complète est disponible ici.

Moins d’un mois plus tard, et alors que ma patience était mise à rude épreuve devant un guichet automatique devant lequel la moitié de la Ville de Laval s’était donné rendez-vous, j’ai eu «l’opportunité» d’écouter, bien malgré moi, une conversation entre deux investisseurs qui carburaient aux préjugés les plus banals – et aux antipodes de l’ouverture d’esprit démontré par l’investisseur prospère.

LE BRUYANT: « J’ai vendu mes actions de Research in Motion (RIM-T). Dire que j’ai payé ça 106$ en février 2008 et que j’ai vendu à 49$ hier. Le secteur des technos, c’est minable, c’est en 2000 que j’aurais dû y investir. Tout le monde y faisait de l’argent comme de l’eau! »

LE SILENCIEUX: « Tout le monde le sait, c’est la prochaine compagnie qui fera banqueroute.  De toute façon, au niveau de la technologie, toutes les entreprises se vendent à des prix de fou ces temps-ci. »

LE BRUYANT (tout sourire): « Faque c’est ça. J’ai acheté des milliers d’actions d’une compagnie d’exploration minière située au Québec, me semble, pis j’ai investi le solde dans une belle petite compagnie d’or qui se nomme Semafo (SMF-T). Le titre a pris 300% sur un an pis ça fait juste commencer. »

***

Je suis, de nouveau, demeuré discret. J’étais bien heureux, cependant, d’avoir du matériel pour un prochain texte.

Ce qui me fascine, c’est la méthodologie approximative dont font preuve ces deux investisseurs, et la façon tout aussi biaisée qu’ils ont d’investir des sommes d’argent durement gagnées. Le fait de condamner un secteur d’activité tout entier (technologie), de miser sur la saveur du moment (la ruée vers l’or), de vendre au plus bas un titre acheté au plus haut (RIM-T) ne sont que quelques exemples d’excellentes recettes pour engranger de solides rendements négatifs.

Dans un mode idéal, j’aurais souhaité leur susurrer tendrement et à la volée que:

  • L’action de Microsoft (MSFT-Q) se transige à moins de 25$ et à moins de 10 fois les profits prévus;
  • L’action de Computer Science Corp (CSC-N) s’envole pour 47$ de pair avec sa valeur comptable;
  • Les titres de Western Digital (WDC-N) et de Seagate (STX-Q) sont complètement oubliés par le marché et se transigent à moins de 5 fois les bénéfices actuels;

Et vous osez dire «qu’au niveau de la technologie, toutes les entreprises se vendent à des prix de fou ces temps-ci » ?

Nul doute, à la bourse, les préjugés appauvrissent.


DOMINIQUE LAMY


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