Prix Nobel d’économie, la victoire du bon sens

Publié le 13 octobre 2010 par Copeau @Contrepoints

Les trois lauréats du Nobel d’Economie ont été récompensés pour leurs travaux sur les frictions des marchés, et notamment du marché du travail. Très simplement, leurs recherches démontrent qu’un salaire minimum (prix plancher) tend à allonger la durée moyenne de chômage et à augmenter le nombre de chômeurs (et ils observent le même phénomène sur le marché de l’immobilier). Cela répond au « paradoxe » des marchés du travail : le nombre de chômeurs est important et les entreprises se plaignent d’une pénurie de main d’œuvre dans le même temps…

Paradoxe… en réalité, ce n’est absolument pas un paradoxe et le bon sens nous donnait déjà l’intuition de leur découverte : les entreprises embauchent si les salariés potentiels leur rapportent plus que ce qu’ils leur coûtent. Si le salaire minimum augmente, du fait de la réglementation publique, le coût du travail augmente. Dès lors, si le salarié n’est pas suffisamment productif, il n’est plus rentable pour l’entreprise de l’embaucher, il représente une charge nette. Ainsi, les chefs d’entreprises renâcleront à embaucher et si le licenciement est rendu plus coûteux par le droit du travail, le phénomène empire. Alors évidemment, le nombre de chômeurs augmente…  Et quelle catégorie de chômeurs en souffre en premier ? Les non qualifiés et les jeunes entrants sur le marché évidemment, puisqu’ils représentent une faible productivité pour les premiers et un risque pour les seconds ! C’est donc bien ceux que la loi visait à protéger qui sont punis. Smart isn’t it ?

Pourtant, quelque chose me surprend et me laisse perplexe face à la nomination de ces nouveaux Nobels… Certes, ils ont démontré, approfondi, généralisé l’explication donné au paragraphe précédent, mais quand même. Bastiat avait déjà expliqué cela, il y a bien longtemps, et nous sommes nombreux à présenter cet exemple précis des effets pervers des politiques sociales sur le marché du travail à nos étudiants. Alors que penser ? Que le jury du Nobel découvre ces idées ? Peut-être ont-ils jugé opportun de rappeler ces phénomènes simples mais omniprésents dans une période de fièvre régulatrice…

Finalement qu’importe, l’essentiel est le message, gravé dans le marbre en cette année 2010 qui a vu le monde réclamer l’aide des Etats : l’intervention des gouvernements, si louable soit-elle porte toujours en elle des effets secondaires que ni le marché ni les hommes politiques ne pourront soigner…

Comme l’écrivait Bruno Léoni, « l’économie n’est pas un gadget que l’on peut changer à sa guise ».

Article repris avec l’aimable autorisation de son auteur.