Il y a des choses qui ne changent pas. La dernière fois que Studio 12 a accueilli Karkwa, François Lafontaine se remettait d’une légère cuite. Cette fois, c’est une vilaine grippe d’homme qui l’alourdit Pour lutter contre la somnolence, et surtout par déformation professionnelle, ses doigts glissent sur les touches du piano et jouent avec exactitude le thème de Charlie Brown. « Ouin. T’es pas si malade que ça! », observe Louis-Jean Cormier.
Ils sont surtout à l’aise, les garçons de Karkwa, et pas du genre à se laisser abattre par un virus. Surtout que le studio est pour eux un laboratoire musical où toutes les explorations sont permises. Ils retravaillent chaque pièce jouée à l’émission de cette semaine. On prend le temps d’essayer mille et une choses. Du côté des percussions, Julien et Stéphane tentent de trouver leur place et le bon degré d’intensité. Amputé de sa grosse caisse, Stéphane doit redoubler d’ingéniosité. Les harmonies sont peaufinées par Louis-Jean, François et Martin.
Parfois ça bloque. « On garde la tambourine,mais le bass drum, lui? »
Même si j’ai souvent eu le privilège de les observer au travail, je trouve le proverbial processus de création fascinant. Alangui sur son piano, Lafontaine cogite. « Veux-tu une pastille, man? Tu vas tout trouver avec ça », dit-il, convaincu et convaincant.
Entre chaque idée de génie, on déconne un peu. J’apprends ainsi qu’à la suite de leur victoire récente aux prix Polaris, l’album Les chemins de verre a été rebaptisé dans quelques médias anglophones Les chemins de verges, et même Les chemins de vedge!
Sans rancune.
Karkwa a convié son nouveau chouchou, le multi-instrumentiste Leif Vollebekk, à Studio 12. Drôle de petit elfe d’à peine 25 ans, il chante le blues comme s’il en avait le triple et joue de sa guitare en se hissant constamment sur la pointe des pieds, se déboîtant presque une épaule au passage. On sent la musique le traverser, il lévite presque.
Devant lui, attablés comme les juges d’American idol, les gars de Karkwa sont obnubilés par la prestation de Leif. « C’est tellement plus intense que ce qu’on fait », chuchote Martin Lamontagne. « Nous, on fait du rock léger finalement », lui répond Julien Sagot.
Au final, le rock de Karkwa sera moins pesant que d’habitude, mais tout aussi puissant. Et rassurez-vous, Louis-José Houde, l’autre invité du groupe, ne chantera pas avec Karkwa. Même s’il s’est pointé avec sa guitare.
Par : Rebecca Makonnen le 8 octobre 2010