Vu au cinéma: Kaboom de Gregg Araki

Présenté lors du dernier festival de Cannes, la dernière réalisation de Gregg Araki sobrement intitulée Kaboom a fait l'effet d'une bombe. Alors, chef d'oeuvre ou nanar? Verdict.

Gregg Araki, qu'on se le dise, est aujourd'hui un réalisateur sur qui il faut compter. Sa touche, un mélange coloré de gaytitude et de teenage pop dans un univers qui sent bon le space cake. Après Smiley Face, sorti en 2007, il revient avec Kaboom, film portant à nouveau sur le monde complexe des adolescents. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Araki a dû ingérer bon nombre de space cakes durant la conception de son scénario. Ce qui n'est pas forcement que pour le meilleur.

Kaboom commence comme un teen movie classique mais extrêmement drôle, chaque réplique fait sourire, chaque gage convaint. Le jeune premier, Thomas Dekker, aperçu dans quelques séries, électrise le spectateur au gré de ses rencontres, de gros plans sur ses yeux bleus gris perçants, de ses rêveries drolatiques. Entouré d'une bande de jeunes gens plus concernés par le sexe que les études (si si!), il évolue sur un campus universitaire archétypique où il fait expérience sur expérience. Il partage notamment sa chambre avec un babouin de première, surfeur blond écervelé, pour qui il voue des sentiments amoureux bien mal cachés. Oui, comme dans la plupart des films d'Araki, le héros est gay, enfin, ici en l'occurence, le héros est bi. Quoiqu'il en dise! L'image rosée et contrastée rend à merveille cette ambiance moite et explosive, de même que les longs gros plans sur les torses juvéniles et imberbes qui composent l'essentiel des plans. Pink Narcissus, vous dîtes? L'inspiration ne fait pas de doute.

Mais voilà, le film ne s'arrête pas à cette gigantesque série d'ébats sauvages entre adolescents se parlant essentiellement à base de "F**k" et va soudainement partir dans une direction troublante lorgnant vers un ésotérisme décalé et très risqué. A mi-chemin donc, le protagoniste se retrouve embarqué dans une histoire de prophétie vaseuse dont nous vous épargnerons les détails afin de préserver le suspense! Totalement délirante d'un bout à l'autre, cette seconde partie du film donne l'impression que son auteur a consommé autant de substances illicites que ses personnages. Le rocambolesque prend le dessus, les invraisemblances assumées se succèdent jusqu'au dénouement abracadabrantesque (voilà une juste utilisation du mot!) Comment appréhender ce délire qui semble, somme toute, incontrôlé? Génie ou aberration? Ce sera au spectateur de décider.

Au final, ce film est un objet étrange, charnel, maîtrisé mais fourre-tout. Le casting est aussi talentueux que sexy et les bonnes répliques fusent. Bien que la meilleure partie du film soit, à nos yeux, les trente/quarante premières minutes, Kaboom tient sur la longueur mais aurait sans doute mérité une fin plus travaillée et donc moins bouffonne. Malgré tout, cet objet, aussi étrange soit-il, demeure fascinant. En quittant la salle, on ne peut cesser d'y repenser, encore et encore. A s'en faire exploser la tête: kaboom !

Kaboom de Gregg Araki
Sorti le 6 octobre