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On s'est déjà vu quelque part ?

Publié le 12 octobre 2010 par Sebulon
On s'est déjà vu quelque part ?On s'est déjà vu quelque part ? - Nuala O'Faolain
Sabine Wespieser éditeur - 2002
Traduit de l'anglais par Julia Schmidt et Valérie Lermitte (Are you somebody ?)
Lu dans l'édition 10-18 (2005)

Sous-titré "Les Mémoires accidentels d'une femme de Dublin", ce livre est un récit autobiographique écrit par Nuala O'Faolain, née à Dublin en 1940 et décédée en 2008.
Deuxième d'une famille nombreuse, son enfance est surtout marquée par la misère affective : son père, journaliste, est fréquemment absent et sa mère, dépassée par la tâche, se réfugie dans les livres et dans l'alcool, désertant souvent la maison pour le pub. Nuala doit à son caractère difficile d'être mise en internat, ce qui lui permet de faire des études et de prendre son indépendance. Elle fréquente l'université de Dublin puis celle d'Oxford et exerce en même temps des petits boulots. Plus tard, elle sera journaliste puis productrice à la radio et à la télévision. Elle s'associe au combat des féministes et s'intéresse également aux problèmes politiques de l'Irlande. Elle évoque sa vie personnelle, sa difficulté à trouver le véritable amour et son regret de n'avoir pas eu d'enfant. C'est aussi un livre sur les dégâts de l'alcoolisme, à travers la vie de sa mère mais aussi à propos de ses propres excès, même si elle se contente de présenter des faits, sans porter de jugement. Les pubs tiennent une grande part dans l'histoire !
J'ai suivi avec beaucoup d'intérêt ce parcours d'une femme irlandaise dans une période où la vie des femmes a tellement changé, par rapport à ce qu'avaient vécu leurs mères. J'avais aimé le dernier livre de Nuala O'Faolain, Best Love Rosie, et je pensais en savoir plus sur sa carrière d'écrivain en lisant cette autobiographie. Il n'en a rien été puisqu'elle est parue avant ses autres livres et qu'elle n'y évoque pas son activité de romancière ! En revanche, elle raconte son Irlande, qu'elle redécouvre sur le tard à l'occasion d'un séjour estival qui la convainc de revenir au pays et qui la réconcilie avec sa nature profonde.
Ma vie a pris un tournant quand je suis allée pour la première fois à Merriman. C'était en 1973. Un jour du mois d'août, j'ai pris l'avion pour Shannon, j'ai ensuite traversé le comté jusqu'au village maraîcher en pierre grise de Scarriff, situé dans un doux paysage turquoise de collines boisées, de prairies humides, de lacs et des larges berges du Shannon. Je n'étais jamais venue dans le Clare rural jusque-là. Je pouvais compter sur mes doigts les jours que j'avais passés dans l'Irlande rurale. Que c'était beau, après les rues grises et les stations de métro sales que je traversais tous les jours à Londres ! Les voix des gens étaient tellement expressives ! Dans cette école, je suis tombée complètement amoureuse d'une Irlande qui s'est révélée plus tard ne pas exister. Pourtant, cette Irlande imaginaire m'a donné l'élan nécessaire pour rompre mes liens avec l'Angleterre. Et cela m'a conduite vers l'Irlande réelle que je commence à connaître maintenant. Si je n'avais pas connu l'Irlande moderne si tard dans ma vie, et si je n'avais pas pensé - par ignorance et à cause de mon absence - que c'était merveilleusement intéressant, je n'aurais pas mis autant de zèle à la découvrir. L'importance de cette prise de conscience s'est accrue de plus en plus pour moi chaque année. Une nouvelle conception de la notion de "chez moi" s'est insinuée dans ma vie quand j'ai réalisé que l'Irlande, dans tous ses aspects, présents et passés, m'appartenait. Et que j'appartiens à l'Irlande juste parce que je suis irlandaise.  (p. 207-208)

Ne manquez pas de lire la postface, où l'auteur raconte son étonnement face au succès de son livre et les rencontres qu'il lui a permis de faire. J'ai été touchée par sa sincérité et sa simplicité.
Quelques avis chez les rats de biblio et chez Lilly.

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