Indignation de Philip Roth

Par Polidjin

C’est hier, le 30 septembre, qu’est parue chez Gallimard la traduction d’Indignation, roman de Philip Roth paru en 2008 aux Etats-Unis. Exceptionnellement, c’est cette actualité française qui me pousse à mettre en valeur un livre déjà suivi par deux autres romans, que je traiterai bientôt : The Humbling, paru à la rentrée dernière, et le prochain roman de Roth prévu pour octobre, Nemesis.

Newark, 1951. Tandis que la guerre de Corée bat son plein, Marcus Messner, fils de boucher casher, profite de son statut d’étudiant pour s’éloigner de ce père qui l’étouffe de sa peur paranoïaque. Soudainement conscient des multiples dangers de la vie, il mène sur son fils une surveillance infatigable et fatigante. Le transfert de Marcus à plusieurs centaines de kilomètres de sa ville natale, à l’université de Winesburg, Ohio (hommage au roman de Sherwood Anderson), va lui permettre, tous ses espoirs résident dans cette idée, de prendre un départ nouveau. Mais c’est sans compter les rencontres et les incidents qui l’y attendent. Jeune fille perturbée et camarades indélicats ; entretien houleux avec le doyen… Petit à petit, se forme un destin bien loin des espérances de Marcus.

Après Exit Ghost, roman crépusculaire qui mettait à nouveau en scène son alter ego fictif Nathan Zuckerman, Philip Roth remonte le temps (il en sera de même pour Nemesis, dont l’action se déroule dans l’après-guerre, et toujours à Newark) pour ce récit proche de la tragédie antique. Chaque choix fait par le jeune Marcus le rapproche de ce que lui et son père redoutent le plus : sa mort, avouée très tôt dans le roman qui déroule en fait les souvenirs du personnage, en une (supposée) éternelle reconstitution des évènements qui l’ont mené à sa fin. Est-ce la peur de son père, transmise à Marcus malgré son exaspération, qui le pousse telle une prophétie autoréalisatrice ? Ou bien au contraire, est-ce la lutte du jeune homme pour lui donner  tort, et son entêtement, qui vont l’amener ainsi vers sa chute ? Sur le livre de son destin, ses choix ont decidé de sa fin.

Publié par Houghton Mifflin en septembre 2008