Éditions Marchand de feuilles
215 pages
Résumé:
La force physique de Jos Montferrand est légendaire : on a déjà dit de ce célèbre bûcheron de l’Outaouais qu’il avait terrassé à lui seul 150 Irlandais sur le pont qui relie Hull à Bytown. Brillant pugiliste, agile et courageux, il fait désormais partie du folklore canadien, grâce aux bons soins de l’historien Benjamin Sulte qui consigna au 19e siècle ses nombreux exploits, parfois réels, souvent fabulés. Dans l’imaginaire collectif, Montferrand est devenu le porte-étendard d’un catholicisme vertueux et d’un fervent patriotisme canadien-français. Mais c’est le Joseph Montferrand qui existe en marge de cette légende qu’a choisi de présenter P.J. Poirier à ses lecteurs. Et celui-ci ne porte pas la ceinture fléchée, pas plus qu’il ne fait ses prières. Jos est le récit d’un homme mercenaire, fougueux et sans allégeance. Il vend ses bras aux marchands anglais, charpente des canots avec les patriotes, combat aux côtés des Irlandais. Jos Montferrand est complice du plus offrant, mais n’est ami de personne. Sauf peut-être de Peter, natif de Liverpool, qu’il rencontre à Montréal à l’adolescence et avec qui il fera les quatre cents coups. Mais cette amitié sera mise à rude épreuve : les tergiversations de Jos et les ambitions de Peter les amèneront à se retourner l’un contre l’autre.
Mon commentaire:
Jos Montferrand est né en 1802. Il est né à Montréal, mais s'installe en Outaouais, où il travaille comme draveur. À l'époque, la région accueillait de nombreux immigrants Irlandais, les Shiners, et des bagarres étaient souvent déclenchées entre eux et les canadiens-français. Les affrontements pouvaient être sanglants et violents. Jos Montferrand était ce qu'on appelle un homme fort et ses performances lors des bagarres l'ont fait entrer dans la légende. On lui attribue toutes sortes d'exploits qui ont été amplifiés avec les années et qui ont fait de lui un personnage plus grand que nature.
Le roman de P.J. Poirier s'attarde sur Joseph, l'homme qu'était Montferrand. Sur son travail et son amitié avec Peter qui se poursuit malgré les divergences d'opinion et les différentes routes qu'ils choisissent d'emprunter dans la vie. Jos est un homme plutôt rude, qui ne se mêle pas de religion ou de politique. Il n'hésite pas à se bagarrer pour montrer qui il est, pour gagner des paris ou pour prouver qu'il est le plus fort. Sa vie personnelle n'est pas de tout repos. Jos est un boxeur fort talentueux qui choisira de travailler comme bûcheron et draveur. L'univers des chantiers colle assez bien à sa personnalité.
Plus jeune, le Jos du roman vit à Montréal, ne travaille pas et rêve de grandeur. C'est sa mère qui le forcera à trouver du travail pour aider à renflouer la caisse familiale et payer le loyer. La vie en ville à cette époque n'est pas évidente et l'auteur réussit à en brosser un portrait très évocatif et olfactif. On sent littéralement l'odeur des tavernes, des marchés, des ruelles.
Jos est un court roman historique qui nous fait revivre l'atmosphère du Bas-Canada du début du 19e siècle, des conflits de religion, de langue et de politique qui animaient toutes les classes de la société. C'est aussi un roman qui nous amène dans la forêt, sur les traces des bûcherons dans leurs camps et sur les rivières avec les draveurs. Les chapitres sont courts, l'écriture est agréable et me donne très envie de lire autre chose de P.J. Poirier.
Jos est un très bon roman pour ceux qui aiment l'époque et les hommes forts qui ont marqués le Québec. Derrière chaque homme fort il y a une légende. Même si PJ Poirier s'attarde plus à l'homme qu'à sa légende, les dernières lignes laissent sentir que malgré tout, la légende n'est pas très loin...