« Philippe, entre nous, c’est fini ». Bam. C’est tombé comme ça, une après midi de septembre alors que j’écoutais pour la première fois ton album.Pour ne rien te cacher ça faisait quelque temps déjà que ça n’était plus pareil entre nous mais je ne pensais pas qu’on en arriverait à cette extrémité. Ou pas si vite en tout cas. Oui parce que là, c’est fini-fini.
Pourtant quand je repense à notre rencontre je t’assure que j’aurais pu jurer que je n'allais jamais me lasser. C’est vrai que t’étais pas vraiment mon genre, physiquement. Du tout. Mais ta folie créative, ta volonté de prendre le contrepied de l’ordre établi, ton statut d’anarchiste rigolo de la musique : j’aimais bien. Je te trouvais audacieux et inspiré; le plaisir que tu semblais prendre à faire ton numéro te rendait beau. J’étais sous le charme.
Dans les premiers moments, je me suis sans doute un peu emballée, je le réalise maintenant, à présent que le brouillard magnifiant des premiers instants s’est dissipé. Peut être que je me suis un peu facilement laissée impressionner.
Ton allure déguingandée un peu folle, tes aventures avec des femmes toujours belles et intelligentes (H. Noguerra, J. Balibar) : J’aimais.C’était le bon temps alors, l’euphorie des premiers moments, je te trouvais drôle et intelligent.
Puis je t’ai vu te produire sur la scène du théâtre du Châtelet en septembre dernier et déjà, il s’est passé un truc. Quelque chose s’est rompu.
Philippe Katerine et Inrocks Indie Crew
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Toi qui m’éblouissais par ta créativité, par ton talent à faire toujours de la nouveauté, tu m'as déçue. J'ai trouvé que ça sentait le réchauffé. Finalement, j’ai eu l’impression que tu étais un peu devenu ta propre caricature.
Je m'attendais à une débauche d'énergie, à ce que tu révèles la bête de scène qui sommeille en toi, motivé pour enflammer un public qui n'attendait que ça mais à la place je t'ai trouvé un peu éteint. Quand tu es apparu vêtu d'une serviette de bain nouée en pagne je me suis dit "pourquoi pas". Quand tu l'as laissée tomber pour dévoiler un short moulant sur bas résille rose fluo, je me suis dit : "Bon". Quand ce fut le tour du short de tomber j'ai eu un peu peur. J'avais raison. Il a offert une vue imprenable sur ton shorty couleur jeans ultramoulant, lequel était surmonté d'un porte-jarretelles minimaliste dont tout le monde a pu découvrir qu'il lui incombait la lourde tâche de retenir les bas fluos situés un peu plus bas. Là je ne me suis rien dit. Je crois que j'ai un peu ri. Bêtement. Et puis je me suis fait la réflexion qu'en même temps tout ça était tellement attendu que ça n'était même plus surprenant. J'ai repensé à l'idée de la caricature et je me suis dit que c'était bien vu. J'étais un peu triste aussi. L'impression d'avoir perdu quelqu'un que j'aimais bien. Qui aurait succombé à la facillité en devenant ce qu'on attendait de lui, une sorte d'amuseur public dont la recette bien rodée faisait toujours son petit effet.
Oui parce que reconnais-le, là, t'es un peu tombé dans la facilité quand même, non?
Je veux dire, ce titre "blablabla" où tu annônes ce refrain sans cesse pendant 2 minutes 30, c'est un peu une plaisanterie, dis? Au fond.
Et "la moustache"? Où tu te gausses sur tous les tons, un peu bêtement pendant 1 min 53?
J'avoue : Je n'en finis pas de m'interroger. Panne de créativité ou mise en pratique d'une idée qui aurait germé à la fin d'une soirée (trop) arrosée du genre " Et si maintenant je faisais VRAIMENT n'importe quoi,tu crois que ça se vendrait?"
" Ouais vas y, chiche!"
Je passe rapidement sur les visuels mais je mentionne quand même la couverture de Chronic'art où tu fais figure de râvi de la crèche, parce que là aussi, je me suis dit : C'est trop! Raccord avec la couv' de ton dernier album pourtant qui se pose là comme petite pépite de ringardise revendiquée. Mais trop c'est trop. Overdose de unes décalées. De détournements des codes, d'infractions au bon goût bourgeois. J'aimais mais là je suis écoeurée. Ca devait sans doute finir par arriver.
Ceci dit pour l'avoir testé sur un public adapté, je dois quand même reconnaitre que cet album devrait remporter un franc succès auprès de la tranche des 2-7 ans qui regorge d'amateurs de gros mots, de paroles redondantes et de refrains faciles à retenir. Un public qui éclate de rire en écoutant le très sonore "Ta gueule" qui ponctue le final de "Philippe'.
Voilà, je te le redis, sans amertume, je crois qu'on est arrivés au bout de notre histoire. On a fait le tour. Tu continueras ton chemin artistique sans moi, je te suivrai encore un peu, de loin, en souvenir des bons moments que j'ai passé avec toi, espérant un retour prochain de celui qui avait su m'émouvoir. Quand on a cessé de se surprendre et que la lassitude a remplacé l'hébétude des débuts, mieux vaut sans doute tout arrêter. Et ne garder à l'esprit que les bons moments.
Mon top 3 du pire de l'album :
1) J'aime tes fesses : Faux remake que j'imagine volontairement raté du "je t'aime moi non plus" mythique de Birkin et Gainsbourg, où Jeanne Balibar et Katerine vocalisent faux.
2) Il veut faire un film : Là je trouve qu'on est en plein dans le mauvais goût, gratuit qui-plus-est...et pas que pour la mélodie et les laides interventions des parents de Philippe.
3) Les derniers seront toujours les premiers parce que les paroles se résument à une succession de lettres de l'alphabet, tantôt faussement rangées, tantôt franchement dérangées...Comme l'auteur du texte?
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 15 février à 11:57
Je pense que ça va pas spécialement te rassurer mais je pense pas que Philippe Katerine continu à faire de la musique en se disant que sa seule motivation c'est de se foutre de la gueule de son public... Artistiquement parlant c'est vraiment pas inspirant. Ce type évolue, son style et sa carrière aussi (de L'homme à trois mains à Robot après tout y'a un monde !), peut-être que le prochain album sera une vraie bonne surprise pour toi... Enfin je pense pas qu'il faille le condamner comme ça.