Le Nobel d'économie 2010 vient d'être attribué à deux américains et un Britannico-chypriote pour leurs travaux sur : " la manière dont le chômage, l'emploi et les salaires peuvent être affectés par la politique économique". Principale conclusion de leur travaux : "plus les allocations chômage sont importantes, plus le taux de chômage est élevé et la durée de recherche d'emploi est longue"
A ne pas confondre avec les autres prix Nobel (chimie, physique, médecine, littérature et paix) mais : Officiellement dénommé "prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel", le Nobel d'économie est le seul, non prévu dans le testament du philanthrope suédois Alfred Nobel." - Radio Canada
Ce qui signifie qu'il serait plus juste de parler de "Prix de la Banque de Suède" que de Nobel d'économie !
Car ce prix a été lancé en 1968 par la Banque centrale de Suède pour lui rendre hommage. Il est à noter que : " ... / ... Les deux tiers des prix de la Banque de Suède ont été remis aux économistes américains de l'école de Chicago, dont les modèles mathématiques servent à spéculer sur les marchés d'actions, à l'opposé des intentions d'Alfred Nobel, qui entendait améliorer la condition humaine. " signalait Le Monde diplomatique cité par Radio Canada
Quels sont les travaux qui ont été récompensés par ce "Prix de la banque de Suède" ?
" ... / ... Les chercheurs se sont affairés à déterminer notamment ce qui fait en sorte que dans une économie, il est possible de retrouver un nombre important de chômeurs alors qu'existent de de nombreuses offres d'emploi ... / ... "
Ceci donnant lieu à une "révélation" : " ... / ... plus les allocations chômage sont importantes, plus le taux de chômage est élevé et la durée de recherche d'emploi est longue .. / ... "
Ce qui fait dire à Yannick L'Horty, professeur d'économie à Paris-Est et chercheur associé au Centre d'études de l’emploi interviewé par 20Minutes : " Quelle influence ces travaux ont-ils pu avoir sur les politiques économiques?
" ... / ... Par exemple, elles ont montré que les intermédiaires, tels que les agences pour l’emploi, jouent un rôle majeur sur le marché du travail ... / ... De même, concernant les allocations chômage, Diamond, Mortensen et Pissarides expliquent qu’elles jouent un rôle important mais ambigu: si elles sont trop généreuses, l’intensité de la recherche sera moindre, tandis que la qualité de l’emploi trouvé sera supérieure ... / ... "
En clair, pour combattre le chômage, il suffit de contraindre tous ceux qui ont perdu leur emploi à prendre n'importe quel job, y compris les plus précaires et surtout réduire à leur plus simple expression la durée et les conditions d'indemnisation ! En résumé, comme le chantait Jean Ferrat : "'il faut parfois choisir la faim ou le taureau"
Le prix Nobel d'économie vient donc récompenser une situation connue et appliquée depuis plusieurs en Grande Bretagne : " ... / ... Les chômeurs touchent une indemnité peu élevée : une cinquantaine de livres (environ 80 euros) par semaine. Ils sont suivis de près, avec contrat à l’appui. A chaque rendez-vous, ils doivent amener des preuves de leurs recherches et toute une gamme de sanctions s’échelonne, du refus de formation au mauvais comportement... / ... "
Ce qui se traduit dans les faits par des situations épouvantables : " Dans un quartier où le taux de chômage dépasse les 40%, nombreux sont ceux qui tombent dans le piège de l’alcool, de la drogue et de la désocialisation ... / ... Les chiffres du chômage ne tiennent pas compte de ces “inaptes” au travail, trop brisés par la vie, ou bien simplement handicapés ou mères de familles trop nombreuses ... / ... " - France info
Mais, que les sceptiques se rassurent, sur la validité de ces travaux. En effet, comme l'explique Le Figaro, ils peuvent, selon le comité d'attribution du Nobel d'économie : " ... / ... être appliqués à d'autres marchés qui se caractérisent également par la non-immédiateté de la rencontre entre acheteur et vendeur, comme par exemple sur le marché de l'immobilier ... / ... " devant un raisonnement, d'une telle qualité, il serait tout à fait incongru de proposer comme réponse : " certaines dérives dans l'utilisation de la titrisation des créances immobilières aux États-Unis" comme les subprimes ...
Etonnant non ?