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Les lycéens et les étudiants sont « descendus » (de quoi, au fait ?) dans la rue pour manifester contre le projet de réforme des retraites. Caressés dans le sens du poil par les organisations syndicales traditionnelles, ils pensent renouveler l’aventure du CPE. Ce mouvement est consternant. Il montre un manque de réflexion objective et un amateurisme atterrant. Et ceci, pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, ces lycéens se sont laissé entraîner par les sirènes syndicales, préoccupées par le succès de la participation aux défilés. Afin d’augmenter le nombre des manifestants, un bon moyen a été de débaucher des jeunes qui demandaient que ça.
Puis ce mouvement montre un amateurisme et une méconnaissance du dossier préoccupant. Le slogan adopté sans réflexion par ces « jeunes » est de combattre une réforme qui, disent-ils en reprenant sans réfléchir un slogan syndical, prolongent des seniors au travail alors que les jeunes sont au chômage. Or, il suffit de regarder un peu plus loin que son nombril pour s’apercevoir que, dans tous les pays occidentaux où le taux d’emploi des seniors est meilleur qu’en France, le taux de chômage des jeunes est aussi plus faible. Ce n’est pas au système de retraite de pallier à un mauvais fonctionnement de l’économie au taux de croissance trop faible et aux comportements condamnables des managers d’entreprises.
Ensuite, il est navrant d’entendre des citoyens d’une vingtaine d’années, encore accaparés par leurs études (ou qui devraient l’être), se dire préoccupés par leur retraite qui aura lieu dans quarante ans. Il est d’une évidence aveuglante que le système des retraites subira bien d’autres modifications d’ici là. Qui peut dire aujourd’hui ce que sera le monde et la place du pays dans ce monde, dans quarante ans ?
Enfin, nous avons l’énorme privilège de vivre dans un pays démocratique. C’est-à-dire un pays dans lequel une majorité de citoyens a confié à des parlementaires le soin d’organiser la vie sociale pendant la durée de leur mandat. Tous les cinq ans, chacun a le droit de remettre en question cette gestion en envoyant au Parlement une majorité différente. Or, le Parti Socialiste a explicitement dit qu’il remettrait sur le tapis des négociations le système des retraites en prenant le pouvoir dans deux ans. Donc, dans deux ans, chacun aura la possibilité de remettre en question ce qui a été aujourd’hui voté par le Parlement. Les jeunes devraient comprendre cela. Mais il faut bien dire que le mauvais exemple vient d’en haut. En effet, les syndicats de la SNCF, des transports urbains, des dockers et autres professions protégées, appellent à cette manifestation pour obtenir le retrait d’un projet gouvernemental démocratiquement voté, alors que la remise en question des systèmes spéciaux de retraite ne sera abordée qu’en 2017, c’est-à-dire après l’échéance électorale majeure de 2012. Il est donc difficile de reprocher aux lycéens la mauvaise action des syndicats.
À quand des syndicats se battant pour l’amélioration de la situation économique ? A-t-on vu un seul syndicat s’indigner des pratiques bancaires et financières avant et pendant la crise qui a plongé le pays dans une crise économique sans précédent ?
Un pays dont les jeunes de vingt ans rêvent de leur retraite est un pays malade.