Duos féminins au Festival des vendanges de Suresnes
Publié le 12 octobre 2010 par Onarretetout
Elles déménagent. Dans leurs textes, leur jeu de scène, dans leurs têtes… Maïon et Wenn ne peuvent pas laisser indifférents. C’est qu’elles connaissent la musique et que leur beau piano à queue rouge contient des secrets inavouables. Ou plutôt le contraire : elles passent aux aveux. Caractères bien trempés (pas seulement parce qu’elles sont bretonnes), elles n’hésitent pas, elles foncent. Et ça me choque et ça me fait rire. Elles ne nous donnent pas l’image féminine attendue d’un duo : deux belles voix, des chansons douces… Les voix sont belles, mais les chansons ne sont pas douces. L’amour « avec du poil autour ». Pas envie d’être « en cloque », faudrait arrêter la clope. Elles annoncent une chanson pour enfants et c’est : « Bambi est mort ce soir », « d’overdose » précisent-elles. Elles apprendraient le rap à Joey Starr. Vulgaires ? Oui, mais avec de l’allure, de l’énergie, et une terrible envie de ne pas se prendre au sérieux. Déjantées ? Oui, et caustiques. Et les machos, les bégueules et les pisse-froid peuvent se tenir à carreau !
Yoanna et Marion, un autre duo féminin. L’une à l’accordéon, l’autre au violoncelle (et au xylophone). Yoanna chante aussi l’amour mais comme « une grave maladie ». Elle sourit et elle est véhémente. Tape du pied, demande au public de scander, le poing levé, « pas le temps d’être amoureux, pas le temps d’être malheureux ». Une chanson de Renaud (« Où c’est que j’ai mis mon flingue ? »), et elle nous dit sa combativité en frappant la mesure sur son accordéon, son sens de l’amitié dans ses échanges avec le violoncelle. Elle parle entre les chansons, engageant une complicité jubilatoire ; elle mélange séduction et force, ouvre les bras et les soufflets de ses chansons qui nous cueillent et nous invitent à nous approcher. C’est un secret qu’elle va nous dire, non elle nous met dans son bouquet. Et quand le concert est terminé, on voudrait que ça continue. Mais le disque, on le sait, manque du relief de la scène, de la présence, des cheveux bruns de l’une et blonds de l’autre, de leurs sourires et de leur spontanéité.