éd. 10/18, 288 p.
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Le Ravissement de Lol V. Stein (1964), et le Vice-Consul (1966) sont deux romans qui constituent un tournant dans l'œuvre de Duras. Ils vont provoquer une vague de réaction critique aussi élogieuse que dépitée face à une écriture durassienne d'un nouveau genre. Ses romans déjouent la cohérence narrative, défient la psychologie du personnage, bousculent les repères du roman traditionnel. Alain Robbe-Grillet a surnommé Duras, "l'Edith Piaf du Nouveau Roman". Le petit bout de romancière a souvent été associée à cette nouvelle vague du roman tout en s'en démarquant effrontément.
Car Duras est une contestataire dans l'âme, à l'image de ses récits qui crie l'indigence de la mendiante à la lisière du monde doré des ambassades. Ce qui trouble la critique c'est cette marche insensée des personnages que l'on a qualifié de fous pour se disculper de notre propre folie et se rassurer : ainsi découvre-t-on avec un sentiment d'étrangeté la folie du vice-consul qui tire la nuit au hasard sur les lépreux, la folie de Lol qui laisse aller sans mot dire son fiancé Michael Richardson et reviendra dix ans plus tard sur les lieux de son ravissement. Ces romans ont irrité ou fasciné toutes les plumes bien aiguisées de l'époque, engendrant de nombreux textes critiques que les éditions 10/18 ont rassemblés dans un dossier de presse particulièrement intéressant parce qu'il donne à voir toute la vitalité des opinions que suscite le style d'une grande écrivaine.