L’histoire remonte à mars 2010, mais La Dépêche n’a pu levé le lièvre qu’hier tant le mystère restait bien gardé, il faut dire que cette nouvelle ne va faire plaisir à personne : une entreprise américaine s’est mis dans la tête d’aller chercher du gaz dans les tréfonds du Causse du Larzac. Sur les terres de José Bové. Là où seules les brebis (et quelques militaires) peuvent s’ébattre en liberté. Là où seuls les cailloux poussent sans contrainte. Un paysage minéral infiniment sauvage et beau.
Jusqu’à une date récente, on ne farfouillait l’hydrocarbure que dans les bassins sédimentaires. Un plateau calcaire semblait donc à l’écart de toute prospection gazière : les brebis étaient bien gardées et José Bové pouvait se concentrer sur les maïs OGM. Mais les temps sont durs : faut de l’énergie, toujours plus d’énergie, et tous les moyens sont bons pour en trouver. C’est le ministère de l’Environnement lui-même qui a permis cette aberration permettant la prospection gazière dans ce coin-là, en octroyant un large morceau de causse à la compagnie Schuepbach Energy LLC, sans en informer les acteurs locaux, notamment le Parc Naturel des Grands Causses (et oui, la zone est protégée), or plus de 4000 kilomètres carrés sont concernés.
Du gaz dans le calcaire ? depuis que l’on sait (mal, mais on va dire que l’on sait quand même) extraire le gaz de schistes, tout est possible. Ce gaz, difficile à dégager de sa gangue minérale, notamment à l’aide d’énormes quantités d’eau sous pression, est aujourd’hui une des sources majeures d’énergie aux Etats-Unis, qui en possèdent des stocks considérables. A l’échelle mondiale, les réserves semblent énormes, c’est juste la technique d’extraction qui pose problème : mi-septembre, Denis Delbecq rapportait ainsi que ce gaz de schiste s’était infiltré dans l’eau potable d’un réseau de Pennsylvanie. A cela s’ajoute des nuisances prévisibles pour l’environnement, dès lors que l’exploitation commence, puisque celle-ci se fait avec de l’eau (dont on sait par ailleurs que c’est une ressource à protéger et à économiser) et aussi toute une batterie de produits chimiques, ce qui fait mentir la page d’accueil du site web de la Schuepbach Energy LLC, où les mots « clean energy » servent de message de bienvenue, en rouge sous un immense ciel dégagé de toute pollution. Je me permets de supposer que les conséquences sur les paysages ne sont pas nulles non plus. Affaire à suivre …
—> A cliquer :
- Philippe FERRAND, Ça sent le gaz sur le Larzac, La Dépêche, 11 octobre 2010
- Denis DELBECQ, Attention, eau potable inflammable, Effets de Terre, 15 septembre 2010