Christian Guèmy, alias l'artiste français de Street Art C215, sera l'invité en vidéos de notre Web TV http://www.savoirchanger.org/ en novembre. Le tournage a été réalisé ce mercredi 6 octobre 2010 au Centre culturel français de Rome. Les pochoirs de C215 métamorphosent les villes du monde entier, générant ce que C215 nomme une nouvelle période de Renaissance pour réconcilier l'homme et son univers urbain.
A la demande de la ville de Rome, C215 a réalisé un visage géant dans le quartier de Garbatella en juin 2010 (ci-dessus) et en a profité pour tatouer la ville dans maints quartiers (ci-dessous) transformant nos promenades quotidiennes ou notre chemin professionnel en véritable émerveillement. Si le plasticien Jacques Villeglé , que C215 admire, prenait sur les murs les affiches lacérées par les gens pour les faire entrer dans les musées, C215 transforme nos murs fissurés, poubelles, portes ou revers de panneaux en oeuvre d'art, laissant toute liberté d'interprétation au passant.
Et pour savoirchanger.org, C215 a même réalisé un pochoir exceptionnel, devant notre caméra et l'oeil lointain d'un policier qui ne s'en est pas soucié, détournant le contexte d'une plaque métallique ancrée dans un mur ocre, et couverte d'affiches lacérées.
C215 provoque des visions nouvelles qui touchent directement à nos émotions les plus fortes. Ses portraits en noir et blanc, parfois bombés de couleurs vives, renvoient des regards qui frappent le passant, souvent droits, plantés dans nos yeux, avec des expressions tour à tour graves, tristes ou amusées, mais toujours intensément vivantes.
Les visages se trouvent traversés par des lignes graphiques qui semblent à la fois le souligner et morceler, et suscitent presque des déchirures en celui qui les contemplent, comme une réunion soudaine d'humanités. Il n'hésite pas à parler d'une démarche d'initiation mystique : que l'invisible devienne visible, c'est-à-dire ceux qu'on ne voient pas, les sans-abris, les tous petits, les laissés-pour-compte.
C215 privilégie en effet des portraits aux implications sociales et politiques : un ouvrier, une mendiante assise, un vieillard cachant son visage entre ses mains, des femmes voilées... Ou il fait revivre un passé disparu comme avec ce joueur d'harmonium dans Paris. C215 aime aussi jouer avec l'oeil des passants, cacher des chats dans un pan de mur, ou encore il offre la joie d'enfants souriants, son sujet favori étant sa propre petite fille.
J'ai inclus ici plusieurs des photographies de ses pochoirs, mais vous pouvez en voir une collection sur son flikr ou vous rendre sur son site personnel. C215 est aussi l'auteur de deux recueils de poésie, chaque poème étant dédié à l'univers d'un artiste de la jeune génération de Streetart et illustré par l'oeuvre de l'artiste en question. Le Livre Bleu et le Livre Rouge forment ce dyptique collectif qui a donné lieu déjà de nombreuses expositions.
C215 réalisait ce samedi 9 octobre 2010 un autre pochoir à l'intérieur de la Médiathèque du Centre culturel de Rome. Petite photo souvenir avec une partie de l'équipe du centre que nous remercions pour le tournage de l'interview :
Si C215 nous touche tant, c'est parce qu'il pose ses pochoirs pour répondre à une nécessité intérieure : transformer son passé, ses blessures intimes et son agressivité comme il nous le confie, en une oeuvre de partage, capable peut-être de rendre nos villes plus habitables, et de nous rendre plus...humains.
Laureline Amanieux.