11 - 10
2010
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Pitch.
Une journaliste américaine prépare un article sur la rafle du Vel d'Hiv quand elle se rend compte que sa belle-famille a occupé toute sa vie l'appartement d'une famille de déportés, le lieu même où elle s'apprête à habiter avec son mari et leur fille.
photo UGC
Lors de la rafle du Vel d'Hiv en juillet 1942 à Paris, la famille Starzynski, d'origine juive, est arrêtée ainsi que d'autres familles dans l'immeuble, le quartier. Toutes ces familles sont parquées au Vel d'Hiv dans les conditions ignobles que l'on connait désormais, puis déportées dans les camps de la mort en les séparant auparavant de leurs enfants dont on leur fait croire qu'ils les rejoindront. Mais au moment de quitter leur appartement, le couple Starzynski et leur fillette Sarah, le petit frère demeure introuvable car sa soeur l'a enfermé dans un placard pour le sauver. Pour le spectateur d'aujourd'hui, c'est une chance de s'en sortir, pour la famille qui ignore où on les emmène, c'est un drame, dans le film, c'est encore autre chose puisque la fiction a pris le relais...
photo UGC
Allers et retours entre le passé historique et un présent fictionnel, de nos jours, un couple s'apprête à habiter dans le Marais à Paris dans l'appartement en question, elle, Julia, une journaliste américaine installée en France depuis 20 ans et préparant un article sur la rafle du Vel d'Hiv, lui un architecte préoccupé surtout de volumes, d'aménagement des lieux. Mais Julia Jarmond se rend compte que sa belle-famille possède ce logement depuis aout 1942, soit un mois après la rafle, et découvre l'existence de la famille Starzynski qui habitait les lieux avant leur déportation...
Contrairement au film "La Rafle", historiquement fidèle aux faits du début à la fin, ici, le sujet est plutôt une histoire particulière romancée pour illustrer les conséquences de l'Holocauste (avec pour point de départ tragique la réalité de la rafle du Vel d'Hiv) sur le comportement et la conscience des générations suivantes. La journaliste ne va pas sortir indemne de son enquête, enceinte de son mari, elle part seule aux USA à la recherche des traces de la petite Sarah de juillet 42. Chemin faisant dans ses recherches, Julia fait la connaissance de la famille adoptive française (Niels Arestrup génial, comme d'hab) de Sarah qui en a réchappé, si l'on peut dire, du moins physiquement, s'étant enfuie du camp de transit de Beaune-la-Rolande avec l'idée fixe d'aller chercher son petit frère dans le placard de l'appartement. Car on ne revient jamais mentalement de l'enfer et tout ce qui ne tue pas rend pas sans doute plus fort mais également plus fragile dans les mêmes proportions (n'en déplaise à Nietzche...).
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Ce mélange de faits historiques et de fiction est un genre hybride qui a ses fans, l'histoire est compliquée de ramifications multiples, la thème de la filiation, le transfert de culpabilité, sont traités un peu à tous les niveaux, pléthore de situations dramatiques s'emboîtant les unes dans les autres, surenchère pour tirer les larmes alors qu'il n'était nul besoin d'en rajouter. Pour ma part, j'ai décroché assez rapidement s'agissant de la partie contemporaine romancée, les passages sur le passé et la trajectoire de Sarah de l'enfance à l'âge adulte étant les seuls réellement intéressants, de mon point de vue, en deux mots, on se serait passé du personnage de la journaliste faisant un transfert sur son sujet même si Kristin Scott-Thomas est une grande actrice... Mais sans doute ceux qui ont aimé le livre (je ne l'ai pas lu) aimeront le film.
Pour ceux qui seraient découragés par les précédents films du réalisateur Gilles Paquet-Brenner, comme "Gomez & Tavares" ou "UV" (vrai navet), on n'est absolument pas dans la même gamme, son passage au drame est plutôt une bonne surprise.
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Mots-clés : avant-Premières, cinéactuel, cinéma français, Elle s'appelait Sarah, Gilles Paquet-Brenner