Si l’expression commune veut qu’un mort se retourne dans sa tombe lorsque son œuvre est bafouée, qu’en est-il d’un non-mort ? Peut-il lui aussi se retourner dans cette tombe dans laquelle il ne se repose pas pour l’éternité ? Car si le repos est éternel et l’Amour aussi, le déshonneur semble l’être aussi.
«DRACULA, L'AMOUR PLUS FORT QUE LA MORT »
Oui, je sais, le titre de l’affligeante parodie de Leslie Nielsen ( le navrant flic des « Y A-T-IL » ) orchestrée par Mel Brooks ( pourtant auteur du superbe « SPACEBALLS, LA FOLLE HISTOIRE DE L’ESPACE » ) est « DRACULA, MORT ET HEUREUX DE L’ETRE » et ce film de 1995 doit déjà avoir assez souillé la dépouille de Bram Stoker et sali la réputation du Saigneur des Carpates. Mais, non, ce n’est pas de ce film que je veux parler ce soir. Et ce n’est même pas de ciné qu’il s’agit mais de la nouvelle idée folle de Kamel Ouali ( et je ne me suis pas trompé dans l’ordre des mots, si vous écoutez Sexion d’Assaut ).
Révélé au grand public ( comme dit encore une autre expression trop commune ) en
participant à l’espèce d’arnaque télévisuelle regroupant chaque année des spécimens de plus en plus crétins sous les dizaines de caméras quotidiennes du télé-crochet de la « BaStar
Academy », le chorégraphe d’origine kabyle Kamel Ouali y devient le prof de danse préféré de
toute une génération de djeunz décérébrés en essayant de faire enchainer quelques pas à ces pantins d’un nouveau format télévisé qui ne tardera pas à disparaitre.
Heureusement !
Son visage et son nom désormais connus de tous – et ce, je crois, qu’on est ou non suivi ce programme de cette première chaine dealeuse de temps de cerveaux à des marchands de sodas – le jeune
trentenaire ( alors ) peut désormais rêver un peu plus que simplement reproduire des chorégraphies au rabais de l’autoproclamé roi de la pop. Et not’ ami du soir, Kamel Ouali, de se lancer dans
des chorégraphies à plus grande échelle que l’écran blafard de vos petites lucarnes entre deux pubs pour un « Caca-Cola Light » et la nouvelle voiture toutes options sauf les
clignotants : « Les Dix Commandements » et « Autant en Emporte le
Vent » - sur lesquelles il n’est encore qu’employé ( qui a dit sous ? ).
Les succès plus ou moins connus et reconnus de ce revival des comédies musicales, il arrive enfin à quasiment trente-cinq ans, en 2005, à
monter sa propre comédie musicale, avec l’aide de Dove Attia ( un autre prétendu jury artistique d’une variante de télé-crochet sur la chaine
concurrente mais jumelle de M6 ), Albert Cohen et celui qui deviendra son fidèle acolyte Bruno Berbérès : « Le Roi
Soleil » !! Si Louis XIV dansait, il chantera désormais avec la voix du Manceaux Emmanuel Moire et les hits commerciaux « Etre à la
Hauteur » ou « Je fais de toi mon Essentiel » ne feront que confirmer le succès de la pièce, du chanteur ( Moire ), de la troupe ( parmi lesquels un autre
chanteur adoré des adolescentes : Christophe Maé ) et de son auteur ( Kamel Ouali himself ). Ouille.
Ainsi, après avoir participé à une attraction pour le Futuroscope, Kamel remettra ça en revisitant dès 2009 l’Histoire Antique et faisant d’une de ses anciennes élèves du château désormais à l’abandon de Dammarie-les-Lys, Sofia Essaïdi, la
reine égyptienne « Cléopâtre » !! Ouali et Berbérès ( qui aura aussi participé au passage au succès du prétendu
opéra-rock « Mozart » d’Olivier Dahan ) signant, hélas pour nous, un nouveau succès phénoménal et triomphal, qui leur permet aujourd’hui d’outrager le cadavre en
putréfaction ( s’il en restait quelque chose ) de l’Irlandais Bram Stoker mais surtout d’infliger pire châtiment que le pal à son illustre
créature mythique le Comte Dracula !!!
Epaulé par le groupe Lagardère ( propriétaire des éditions Hachette mais aussi des magasines et revues Paris Match et Télé 7 Jours, des radios Europe 1 et Virgin Radio, des chaines MCM et Mezzo ou des enseignes Relay et Virgin Mégastore ), ce qui leur garantit une grande diffusion et matraque médiatique de masse, et en collaboration avec le producteur Thierry Suc ( déjà connu dans l’ombre des Mylène Farmer et autres Yannick Noah ou Valérie Lemercier ), notre duo de créatifs récréatifs peut dès aujourd’hui annoncer une première de ce spectacle encore inachevé pour le 30 septembre 2011 au Palais des Sports de Paris !!
Sang... heu, sans aucun doute, inspiré du succès pré-pubère pseudo
émotionnel-mormon-rock à l’eau de toilette ( désolé pour le super mauvais jeu de mots ) de Stephenie Meyer et par le film du nabab italo-américain au nom de voiture, Francis Ford Coppola,
l’ancien chorégraphe de TF1 aura donc abattu son nouveau choix artistique sur cette célèbre figure romantique et gothique du cinéma et de la littérature fantastique : Dracula.
Prétendant avoir lu, adoré et s’être inspiré du roman culte de 1897, il pompera plutôt allégrement le script du scénariste hollywoodien ( mais Texan de naissance ) et oscarisé James V. Hart ( « Hook ou la Revanche du Capitaine Crochet » de Steven Spielberg qu’il scénarisa et produisit également ou dans le même genre
le « Frankenstein d’après Mary Shelley » de Kenneth Branagh qu’il coproduisit avec le même Francis Ford Coppola ) qui signera pour le réalisateur de « Apocalypse Now » une
prétendue fidèle adaptation du roman fantastique et d’horreur gothique d’un écrivain de théâtre Irlandais, non sans y avoir ajouté un érotisme alors décrié et l’anecdote historique du suicide de
la seconde épouse du véritable voïvode transylvanien : Kamel Ouali ayant dû se repasser en boucle le DVD ou le Blu-Ray de ce magnifique film puisque décidant, selon ses dires dans la presse
quotidienne, de baser la trame de sa nouvelle superproduction sur l’aspect
émotionnel de la chose, en précisant qu’il voulait qu’on n’entende que le souffle et le battement du cœur de Dracula – qui pourtant, comme tout le monde le sait est, au-delà du Prince des
Ténèbres, un non-mort, un vampire !!
Oui, le cœur mort, refroidi et racorni depuis des siècles du Comte Roumain Dracula va battre encore pour la séduisante Mina, et oui, si vous n’avez pas lu le roman initial de Stoker vous ne
risquez de rien perdre au change, et oui, il se pourrait que vous ayez une impression de déjà-vu lorsque vous pourrez voir cette cinquantaine de personnes annoncées sur scène chanter et danser
quelque chose qui ressemble au film de 1992.
Mais non, vous ne devriez même pas entendre la voix de l’acteur principal ( déjà casté et présenté à la presse ) : Golan Yosef. En
effet, chose étrange et non moins étonnante pour ce genre de spectacle, Kamel Ouali voudrait que son personnage du vampire soit muet – pour rendre hommage aux films muets ( fan
du « NOSFERATU » de Murnau également, Kamel ? ) et garder ce coté suranné de l’œuvre qu’il tente donc de marier aux versions modernes saupoudrées à l’eau de
« TWILIGHT » et Cie – confiant le rôle non plus à un chanteur au filet de voix séducteur mais plutôt à ce danseur Néerlandais professionnel. Voilà qui aurait le mérite
d’être original à défaut du script pour une future comédie musicale. Et de faciliter l’intégration de cet artiste étranger qui ça se trouve ne parle pas encore un mot de français. Ceci expliquant
cela ?
Danseur Néerlandais de vingt-quatre ans ayant déjà officié à travers une bonne partie de l’Europe, ce jeune homme au physique de Peter Parker avec ses oreilles décollées ( à quand une comédie musicale sur le Tisseur, tiens ? ) ne semble être apparu sur grand écran qu’un court instant dans une de ces teen comédies dansantes ( « THE CHEETAH GIRLS 2 » et qu’on vienne m’expliquer ce que la guenon préféré de l’homme-singe vient faire au bal de fin d’année d’un college US ) mais risque désormais de se faire connaître vu le succès des prods Ouali et entrer dans le cœur des adolescentes en concurrence avec Edward Cullen, le vampire végétarien qui brille quand il va au soleil – pour en revenir au début de cette notule et en avoir fait le tour. Ou presque.
Premier single annoncé pour
le 1er novembre sur Virgin Radio, œuf corse, et un album pour février 2011 ou le 18 avril 2011, selon les sources.
Quelqu’un est tenté ? Vraiment mordu(e) ? Pour savoir si cette troisième comédie musicale francophone – parmi d’autres - consacrée à Dracula vaudra ou dépassera même les deux
précédentes – passées inaperçues ( quoiqu’en dise Jacques Sirgent, présenté comme le spécialiste des vampires dans l’hexagone ) : après « Dracula, Eternel sera
l’Amour » de Thierry Sforza ( parolier de tubes de la téléréalité ) et Lix Norman, passée au Théâtre du Trianon en 2006, et la libre adaptation futuriste québécoise du chanteur
Bruno Pelletier ( un habitué avec les succès « Starmania », « Notre-Dame de Paris » ou « La Légende de Jimmy » ), « Dracula, Entre
l’Amour et la Mort », qui ne fut présentée qu’à Lyon semble-t-il en 2008.