Je n'aurais jamais cru, en commençant ce blog sur les Jardins de la Fontaine, il y a plus de trois ans, que je verrais mourir des arbres.
Voir vivre et mourir un arbre a quelque chose d'inquiétant. Nos arbres familiers, souvent plantés par nos ancêtres, sont destinés à nous survivre et donner leur part d'ombre à ceux qui après nous viendront.
Voir vivre et mourir un arbre vient rompre inexplicablement l'ordonnance des choses.
Des arbres meurent, certes, accidentellement : c'est la furie du vent du Nord qui fit se rompre le chêne de Jean de La Fontaine. C'est la neige de mars qui a démembré le cèdre trois fois cinquantenaire de nos Jardins de la Fontaine.
Mais cette étrange agonie de nos pins interroge. Ces houppiers qui jaunissent sur les troncs sains en apparence, est-ce normal ? Ces aiguilles qui pleuvent et laissent nues les branches implorantes, est-ce normal ?
Oui, certainement, dirait un spécialiste...
Mais qu'il est triste d'assister, impuissant, à la mort annoncée du pin matricule 24 après celle du matricule 208, en l'espace d'un an ! Qui sera le suivant ?
Allons ! Les arbres sont des arbres, bien sûr, et la douleur des hommes est la seule qui compte.
Mais pour qui voit dans l'arbre une métaphore humaine, la nostalgie n'est pas si ridicule. N'oublions pas enfin que les êtres qui nous sont chers et que nous accompagnons dans leur dernière demeure sont de nos arbres enveloppés, dernière peau, dernière écorce, carapace de bois pour aller vers Hadès...
Oui, c'est un fait, c'est bien au creux d'un arbre que nous finirons tous !