En 1991, Janet Morgan évoque pour la première fois cette histoire dans un livre : « Edwina Mountbatten, A life of Her Own ». Mais pour elle s’il est clair qu’il y a eu quelque chose entre Edwina et Nehru, il est clair qu’ils n’ont jamais eu de relations sexuelles. Cependant Janet Morgan dit qu’après son mariage, Edwina a vécu 20 années de frivolité. Janet Morgan serait la première à avoir eu accès à la volumineuse correspondance échangée entre Nehru et Edwina, jusqu’à la mort de cette dernière en 1960. Mais si l’auteur a eu accès aux lettres écrites par Nehru, elle n’a pas obtenu l’autorisation de la famille Gandhi de consulter les lettres écrites par Edwina à Nehru.
Philippe Ziegler, le biographe officiel des Mountbatten est plus nuancé en disant que s’il y a eu une relation sexuelle entre Nehru et Edwina, celle-ci fut d’importance mineure. L’actuel biographe de Nehru, Stanley Wolpert pense de son coté que non seulement ils furent amants mais que Nehru avait envisagé de démissionner, après l’Indépendance de l’Inde, de son poste de premier ministre pour aller vivre avec Edwina en Grande-Bretagne.
En 1993, Catherine Clément évoque cette histoire dans son livre « Pour l’Amour de l’Inde ». L'attirance puis l'amour fusionnel entre Edwina et Nehru y est décrit avec émotion et pudeur. Catherine Clément est interviewée en 2006 et parle d’une conversation qu’elle eut avec François Mitterrand à propos de ce livre :
«Je fus donc infiniment surprise quand un jour, il bondit sur moi comme un éclair - je ne vois pas d’autres mots pour qualifier ce mouvement rapide - et me parla de mon dernier roman. C’était un livre intitulé « Pour l’amour de l’Inde », où je romançais, mais à peine, les douze ans d’amour fou entre Jawaharlal Nehru, Premier ministre de l’Inde libre, et lady Edwina Mountbatten, dernière vice-reine des Indes. Leur amour était né en 1947 à Delhi, à l’automne, pendant les massacres de la Partition ».
« Que me dit le Président ? - Mais je ne savais pas ! Quelle histoire insensée ! Comment l’avez-vous trouvée ? - Oh, très facilement. Quand on vit en Inde, on entend cela tous les jours. Mais si, je vous assure, tous les jours. On appelle cela en Inde la « did-they-did-theynot question », est-ce qu’ils ont, oui ou non, couché ensemble ? Voilà le grand sujet des conversations. Pour vérifier que ce n’est pas un ragot ? Il suffit de lire la biographie officielle de Winston Churchill, tout y est. Et c’est un ambassadeur qui me l’a donnée à lire, autant dire que ce n’est pas la révélation du siècle. Mais oui, c’est un roman, parce qu’il n’existe pas de meilleure intrigue que celle qui raconte l’amour entre ennemis. Lui indien, elle anglaise, à l’aube de la décolonisation. C’est Tristan et Isolde en Inde au XXe siècle. Il écoutait, ravi comme un enfant à qui on lit un conte. Ma parole suffisait - par chance, elle s’étaye sur des documents, mais si j’avais menti ? Si j’avais falsifié ? Eh bien, il m’aurait écoutée de la même façon. Il n’était pas question de la littérature, mais il s’agissait de ses pouvoirs. Il ne me parla pas de style ni d’écriture, non, ce qui l’intéressait, c’était l’histoire elle-même, l’amour entre ennemis, à ce moment précis. Évidemment, il voulut connaître la réponse à la « did-they-did-theynot question ». Je lui donnai celle du roman : oui, tant qu’ils ont pu, car ils n’étaient plus de la première jeunesse. Est-ce qu’il y a eu des témoins ? Eh bien oui, malgré tout. Ah bon ? Dans la chambre ? Pas tout à fait, mais presque. Bref, il était immensément curieux. Un vrai, un bon lecteur de roman populaire, plus attaché à l’intrigue qu’au style. J’étais enchantée de mes pouvoirs, enchantée d’avoir réussi à capter l’attention de ce lecteur particulier, qu’on disait fasciné par l’écriture, les écrivains, la mythologie de la littérature telle qu’elle existe en France, ce vaste et beau théâtre où je n’ai pas envie d’être ».
A SUIVRE