On sait que les maladies chroniques sont en constante augmentation : c'est pour ainsi dire globalement, le mal des sociétés développées. Qui dit maladies chroniques dit Polypathologie, et qui dit polypathologie dit multiplication, et complexité croissante de la prescription… Avec des risques Iatrogènes (effets indésirables liés notamment aux contre-indications) augmentant en proportion. C'est dans ce contexte qu'a été mise en place l'étude expérimentale Polychrome par l'IRDES, dont l'objectif était de démontrer in fine que la qualité des ordonnances pouvait être améliorée, dans un sens visant d'une part à diminuer les risques iatrogènes, et d'autre part à réduire les coûts, en diminuant notamment le nombre de médicaments prescrits.
La majeure partie des modifications ont porté sur l’imprécision de la prescription ou sur un dosage inadéquat, le reste concernant la réduction du nombre de médicaments prescrits.
Seules 6 % des prescriptions examinées concernaient des contre-indications ou interactions potentiellement graves.
Quatre personnes sur dix (16 ans et plus) seraient concernées par les polypathologies chroniques, c'est dire l'intérêt d'une telle expérimentation, d'un point de vue de santé publique bien sûr, mais aussi d'un point de vue économique. L'étude Polychrome a donc analysé les risques iatrogéniques potentiels pour 105 ordonnances de généralistes ayant été sélectionnées aléatoirement. Les deux tiers des ordonnances présentaient au moins une contre-indication et/ou une interaction médicamenteuse. Malgré tout, seuls 6 % des prescriptions examinées concernaient des contre-indications ou interactions potentiellement graves.
Après avoir relevé les erreurs qui revenaient le plus souvent, une tâche d'optimisation a ensuite été confiée dans un but d'analyse aux médecins et pharmacologues participants. 80 % des lignes de médicaments prescrites ont ainsi été modifiées :
- arrêt du traitement (17 % des cas),
- Substitution d'un autre médicament ou d'une thérapeutique non médicamenteuse (11 % des cas),
- Modification de la rédaction des ordonnances présentant des imprécisions sur la posologie (52 % des cas).
Une réduction de 30% du nombre de médicaments prescrits
La procédure d’optimisation a permis de diminuer de 30 % le nombre de médicaments prescrits, les contre-indications de 46 % et les interactions médicamenteuses de 66 %. On imagine bien que la réduction de 30% du volume de médicaments a du particulièrement retenir l'attention des complémentaires santé et de l'Assurance maladie.
Conclusions…
Conclusions du groupe de médecins généralistes témoins auxquels ont été présentés ces résultats : La multiplicité des sources d’informations (HAS, sociétés savantes, CNAM, l’industrie pharmaceutique ou encore l’AFSSAPS) constituerait un facteur de confusion.
La question qui demeure est donc au final la suivante : Comment garantir une prescription efficiente de la part du médecin? Efficiente en terme de risque (mais nous avons vu que de ce côté, le risque était minime), mais surtout efficiente en termes de coûts semble-t-il… Rappelons que le dossier pharmaceutique qui sera peut-être à terme intégré au dossier médical personnel - permet déjà d'éviter les contre-indications médicamenteuses au sein d'une même ordonnance ainsi que pour l'ensemble des traitements du patient.
Les généralistes sur la sellette
Un ensemble de questions ont été posées au panel de médecins sélectionnés pour l'enquête :
1. Qu’est ce qu’une prescription non optimale pour vous ?
2. Pensez-vous que certaines de vos polyprescriptions ne sont pas optimales ? Si oui, pourquoi ?(avec des exemples de patients qui vous viennent à l’esprit).
3. Pourquoi pensez-vous que certaines ne peuvent pas être optimisées ? Comment les gérez-vous ? (avec des exemples de patients qui vous viennent à l’esprit).
Puis une autre série de question portant sur 16 cas types d’ordonnances analysées par les experts :
1. Que pensez-vous de cette ordonnance ? Avez vous des ordonnances identiques et, si oui, pour quels types de patients ?
2. Qu’auriez-vous fait pour l’optimiser ?
3. Pour quelles raisons ne serait-il pas possible d’optimiser cette ordonnance ?
Source :
http://www.irdes.fr/Publications/2010/Qes156.pdf