Communiqué commun des députés François ALFONSI et Sauveur GANDOLFI-SCHEIT
"C'est avec surprise que nous avons pris connaissance de la polémique lancée par Maria Guidicelli, membre de l'Exécutif de l'Assemblée de Corse, au lendemain de notre rencontre avec Jean Louis Borloo, Ministre de l'Environnement et du Développement Durable à propos de la future centrale de Lucciana.
Il faut tout d'abord rappeler que nous avons sollicité cet entretien de façon publique il y a plus de deux mois, fin juillet, avant que l'arrêté préfectoral n'ait été pris par le Préfet Névache, et il était convenu avec le cabinet de M. Borloo que cet entretien serait préalable. Nous avons bien sûr regretté que cela n'ait pas été le cas.
Nous avons agi, pour l'un, en tant que député de la circonscription, par ailleurs médecin et sensibilisé par l'ensemble des médecins du secteur où est implantée la centrale, et pour l'autre en tant que député européen, par ailleurs ingénieur en énergie, et mobilisé par ces questions depuis de très nombreuses années. Nos appartenances politiques respectives n'ont jamais prévalu dans notre démarche.
Nous avons pris soin de nous assurer, avant de rencontrer le ministre, que l'Exécutif territorial, par ailleurs en relation directe avec Mme Michèle Rivasi, député européen collègue de François Alfonsi, soit favorable au fond de notre démarche : faire en sorte que le recours au fioul lourd à Lucciana soit remis en cause, dès que possible, et autant que possible. Cette démarche de concertation préalable était justifiée par l'évolution du discours de l'Exécutif lors de la session du 24 septembre, entre la réponse apportée le matin par Maria Guidicelli à la question orale posée par le groupe Femu a Corsica, réponse rigide et même agressive à l’égard de Mme Rivasi, et soutenant sur le fond le contenu de l'arrêté préfectoral, et celle apportée le soir même par Paul Giacobbi quand il est intervenu sur ce même sujet de façon bien plus constructive.
A l'issue de la réunion du 6 octobre avec Jean Louis Borloo, nous avons, sous réserve de la confirmation écrite qui nous a été annoncée, pris acte des évolutions approuvées par le ministre, après qu'il se soit concerté téléphoniquement avec Henri Proglio, Président Directeur Général d'EDF.
Elles sont les suivantes :
L'arrêté préfectoral propose 3 phases dans l'exploitation future de la centrale de Lucciana : une phase « démarrage » au fioul lourd, une phase « finale » au gaz naturel en lien avec la réalisation de GALSI, et une phase « intermédiaire éventuelle » au fioul léger, si les délais de réalisation du gazoduc venaient à être trop longs, phase engagée par des études suivies des procédures réglementaires nécessaires pour autoriser ce changement de combustible.
Nous avons convenu avec le Ministre d'engager très rapidement ces études et procédures, dès les prochaines semaines, c'est à dire 3 ans avant que la centrale ne soit achevée, et non pas, comme l'indique l'arrêté, qui plus est de façon conditionnelle, 3 ans après sa mise en service. Nous gagnons donc pas moins de 6 ans sur le calendrier initialement prévu, plus la certitude (qui n’était précédemment qu’une éventualité) que les procédures de changement de combustible seront lancées.
Il a été explicitement acté que les moteurs qui seront installés seront d’emblée conçus pour le gaz et il a été confirmé que le fonctionnement au fuel léger durant la phase transitoire sera nettement plus performant énergétiquement ainsi qu’au plan environnemental, qu’un fonctionnement au fioul lourd.
Nous avons ensuite sensibilisé le Ministre sur l'état d'usure avancée de la canalisation qui achemine le fioul lourd jusqu'à la centrale, canalisation déjà sujette à plusieurs incidents, avec des conséquences environnementales qui auraient pu être très graves. Un audit, incluant aussi la partie-sous-marine de l’oléoduc, sera mené à cet égard.
C’est cette avancée concrète et ces engagements clairs qui nous amènent à estimer que cet entretien a été positif, et nous l'avons exprimé, à la demande des journalistes, au sortir du ministère. En effet, les conditions sont ainsi réunies pour que la phase « démarrage » au fioul lourd puisse être ramenée à sa plus simple expression, et pour que, véritablement, la Marana et la Casinca soit enfin soulagées rapidement des pollutions du fioul lourd qu'elles subissent depuis tant d'années.
Enfin, Jean-Louis Borloo a aussi pris lors de cet entretien des engagements à propos des énergies renouvelables.
Le premier est d'apporter son soutien total à l'idée qu'EDF transforme le terrain de l'actuelle centrale au fioul en centrale solaire photovoltaïque.
Le second est de demander au Conseil d'Etat de se pencher sur la législation qui a amené à opposer un refus à un projet photovoltaïque sur l'ancienne mine d'amiante de Cànari, de façon à lever les interprétations trop restrictives qui mettent en péril la plupart des projets énergétiques alternatifs sur l'île.
Nous pensons que ces réponses ont correspondu aux attentes des populations locales, et nous regrettons que Mme Guidicelli ait jugé bon de déclencher cette polémique quand nous avons toujours, pour notre part, recherché l'entente entre les forces politiques de Corse sur cette question qui fait largement consensus sur l'île".