Voici plus de 8 mois que le taux de chômage en Suisse baisse ou stagne tous les mois. On est ainsi passé d'un taux d'un peu plus de 4,5% en début d'année (un taux qui fait déjà pâlir de jalousie bon nombre de pays) à un taux de chômage en septembre 2010 de 3,5%. Et dans tous les domaines (en moyenne, pour les jeunes et les seniors), la Suisse surclasse la France, de très loin. Toutefois, derrière ces chiffres "idylliques" se cachent parfois quelques nuances dont j'aimerais dire quelques mots.
Les différences cantonales sont énormes
Pour ceux qui n'en seraient pas conscients, il ne faut pas oublier que la Suisse, c'est avant tout 26 cantons et demi-cantons, qui ont chacun un taux de chômage spécifique. Entre le canton qui possède le taux le plus bas (Appenzell Rhôdes Intérieures), et le canton qui a le taux le plus élevé (Genève), la différence de 5,7% ! En effet, Genève, avec 6,8% est traditionnellement le canton le plus touché, alors que les cantons de Suisse alémanique, et notamment de Suisse centrale, bénéficient de taux particulièrement faibles, qui ont même été jusqu'à être inférieur à 1% !
D'ailleurs hormis le canton de Zurich, dont le taux est légèrement supérieur à la moyenne suisse, tous les cantons de Suisse alémanique sont en dessous de la moyenne (du moins en septembre 2010).
Des taux de chômage bas qui posent problème aux recruteurs
Avoir un taux de chômage trop bas n'est pas forcément une bénédiction car lorsque celui-ci devient inférieur à 3%, se pose la question de la pénurie de main d'oeuvre, que ce soit dans les métiers à forte valeur ajoutée ou dans d'autres : avec de tels chiffres, les employeurs n'ont en effet aucune marge de manœuvre pour trouver de nouveaux candidats (ce qui explique notamment que les entreprises suisses recrutent autant de profils étrangers et souffrent de pénuries de "talents").
Le chômage des jeunes : plutôt mieux qu'ailleurs
Comme dans beaucoup de pays, il reste difficile pour un jeune en Suisse de trouver du travail, surtout s'il n'a aucune expérience (...). Mais quand on regarde les statistiques du chômage, on se dit que comparé à d'autres pays, et notamment la France, il vaut mieux être jeune en Suisse qu'en France : le taux de chômage des 15-25 ans a été compris dans les 9 dernières années entre 5,5% et 8,3% (en juin 2009). En France, au premier trimestre 2010, le taux de chômage des 15-24 a dépassé les 23%, avec un historique inquiétant, avec des pointes à près de 24% en 2006, le chiffre le moins mauvais étant de 18,3% (source : INSEE et SECO)...
Les personnes arrivées en fin de droit
source : Office fédéral de la Statistique
Les personnes qui arrivent en fin de droit (qui ont épuisé leur droit aux indemnités journalières de chômage) sont en augmentation le milieu de l'année 2008 mais leur nombre reste plutôt bas par rapport aux années précédentes.
On l'oublie toujours trop, mais en Suisse, pays où le taux de chômage est l'un des plus bas en Europe, entre 1 500 et 2 500 personnes se sont retrouvées chaque mois depuis le début de l'année en fin de droit. Même si, contrairement à ce qu'on pourrait croire, les personnes en grande difficulté en Suisse sont bien couvertes (et à mon sens bien mieux qu'en France où on "arrose" les aides à tous les étages sociaux), cela reste un problème de société assez important.
En conclusion, vous l'aurez compris, de même qu'il est général préférable de travailler en Suisse qu'en France, il semble que le raisonnement soit le même pour le chômage...