A l'instar des échos de la gauchosphère, de Bibi, de Cuicui et de ruminances, nous relayons l'appel à la blogosphère de Stef d'une autre vie :
«Messieurs, Dames de la blogosphère, il est temps de sortir l'arsenal numérique, le billet qui fait mouche, ceci est un appel au militant de l'internet qui sommeille en vous.»
Nous aurions pu republier "retraites : une réforme de droite", sorti le 17 juin dernier, qui analyse ce projet de régression sociale...
Finalement, notre choix s'est porté sur un autre billet qui rappelle que l'actuel projet de réforme des retraites s'inscrit dans un cadre ancien qui, peu-à-peu, procède au démantèlement de la retraite par répartition et au nivellement par le bas des pensions de retraites, depuis 1993...
IL FAUDRA AUSSI ABROGER LES REFORMES DES RETRAITES BALLADUR ET FILLON
Nul autre ministre et premier ministre que François Fillon n'a mené d'aussi importantes réformes de régression sociale, et pourtant les médias dominants continuent à le présenter en leader de la droite sociale.
Un animal politique redoutable qui partage avec Hortefeux, Besson et Sarko la responsabilité de la politique sécuritaire et identitaire en faisant mine de ne pas y toucher, et dont la côte de popularité dépasse celle d'un Sarkozy à bout de souffle.
Aussi, quand Fillon pointe les ambiguïtés du PS sur les retraites, tous courants confondus, il y a lieu de ne pas prendre avec légèreté ses propos...
Certes, la gauche est unie pour rejeter le projet de réforme des retraites et maintenir la retraite à 60 ans comme l'affirme Benoit Hamon, le porte-parole du PS :
« Pour l’instant il y a accord pour se battre contre la réforme du gouvernement, a-t-il expliqué, et personne ne brisera le front syndical et le front politique. »[1]
Certes, le président du Parti de gauche préfère voir le positif plutôt que le côté négatif du moment :
«je vais vous répondre aussi hypocritement que je peux le faire, nous avons décidé de faire semblant de croire qu'ils sont d'accord avec nous et nous sommes parfaitement conscients du fait que ce n'est pas le cas. »[2]
Mais derrière cette unité de façade, purement circonstancielle, se cachent de profondes divergences entre le parti socialiste et l'autre gauche, l'un approuvant les réformes Balladur- Fillon, et l'autre rejetant le principe de l'allongement de la durée des cotisations...
Abroger la réforme en cours, comme s'y engage le PS, n'est pas inutile pour les travailleurs qui ont commencé à travailler tôt et dont la carrière a été "pleine"...
Mais les autres, pourront-ils vraiment prendre leur retraite à 60 ans ?
Aucun leader du PS ne s'engage à remettre en cause la réforme Fillon de 2003 qui allonge la durée des cotisations, ni la réforme Balladur de 1995 qui a fait baisser le montant des pensions de retraites (calcul défavorable du salaire annuel moyen + indexation des pensions sur les prix).
Les conséquences sociales des réformes Balladur-Fillon sont importantes :
Le Conseil de l’Emploi, des Revenus et de la Cohésion sociale (CERC) évalue, quant à lui, la baisse du pouvoir d’achat des retraités de la fonction publique à 0,5 % par an et celle des salariés du secteur privé à 0,9 % (0,3 % pour le régime général et 0,6 % pour les retraites complémentaires). [3]
Depuis 1993, le niveau de vie des retraités est en baisse constante. En 2010, 10% des 14,5 millions de retraités perçoivent une pension inférieure au seuil de pauvreté de 910 euros, contre 5 % en 1990. Les femmes sont les premières victimes : 30 % d' entre elles doivent attendre 65 ans pour pouvoir prendre une retraite à taux plein contre 5% des hommes. [4]
L'arrivée tardive des jeunes dans la vie active et la précarité de masse empêchent d'espérer une retraite décente à taux plein à l'âge de 60 ans pour la majorité des travailleurs...
Aussi, sans l'abrogation des réformes Balladur-Fillon, la liberté de prendre une retraite décente à 60 ans est quasiment une escroquerie... [5]
Comme quoi Fillon ne raconte pas que des bêtises... D'ailleurs en 2003, le PS s'opposait à la réforme : on connait la suite camarade "socialiste" !
AJOUT : l'importance et la fermeté du mouvement, quelle que soit l'attitude du gouvernement de droite, sont des gages pour l'avenir.
Ainsi, le PS a déjà promis qu'il reviendrait sur cette réforme en remettant l'âge légal de départ à 60 ans...
L'ampleur de la mobilisation fera prendre conscience, aux éléments les plus droitiers du PS, en particulier les supporters de Dominique Strauss-Kahn, que l'allongement de la durée des cotisations est aussi inacceptable qu'un recul de l'âge légal à 62 - 67 ans. [6]
C'est la lutte...
Notes
[1] Le Parisien - Le PS fait front pour le maintien des 60 ans
[2] AFP - Mélenchon fait "semblant de croire" que le PS est d'accord avec lui sur les retraites
[3] centpapiers : Réforme des retraites : la piste toujours inexplorée d’un autre mode de financement…
[4] L'Humanité : Réforme Balladur : la paupérisation programmée des retraités
[5] Il serait peut-être temps que le PS s'intéresse à ces 9 % de richesses qui sont passées du Travail au Capital en 20 ans et qui représentent 120 milliards d'euros par an...
[6] Le NouvelObs - Retraites : l'UMP revendique la caution de Strauss-Kahn