Je ne vais pas vous cacher que j'ai d'abord été un peu déçu par cette nouvelle mouture de Deerhunter, le groupe phare de Bradford Cox, l'homme aux multiples projets. "Halcyon Digest" était trop pop, n'avait plus ces guitares tranchantes et un peu sales des précédents disques. Trop propre en somme. Et puis, petit à petit, cet album a fait son chemin, comme on dit, distillant un irrésistible venin. Comme pour le précédent disque, leur musique agit sur moi insidieusement, elle finit par s'imposer sur la longueur. En plus, il y a maintenant une homogénéité qu'il n'y avait pas avant. Les mélodies se font aussi plus soignées. Les titres s'enchaînent sans se ressembler complètement mais en s'assemblant parfaitement - oui, c'est assez compliqué ce que je viens d'écrire, mais je me comprends. Il n'y a par contre peut-être pas de titres aussi forts que "Agoraphobia" ou "Microcastle", mais une petite bombinette comme "Memory Boy" est par exemple assez savoureuse. Deerhunter est en tout cas en train de devenir, à l'instar d'Animal Collective, l'un des groupes de rock indépendant (ou "Pitchforkien", c'est selon) les plus excitants de l'époque. Car s'ils se cherchaient encore un style auparavant, avec "Halcyon Digest", on peut désormais affirmer qu'il y a une "griffe" Deerhunter, un son facilement reconnaissable.
Bien sûr, l'inspiration provient toujours et comme une pléiade de groupes de rock indépendant actuels de cette musique à guitares de la fin des années 80-début des années 90, de Jesus And Mary Chain à My Bloody Valentine en passant par Galaxie 500, voire les Stone Roses. Bref, sans réellement innover, Deerhunter apporte sa petite pierre à l'édifice rock. L'avenir nous dira s'ils feront partie des groupes qui resteront. Cela n'empêche qu'on voit déjà des nouvelles formations s'inspirant grandement de leur univers cotonneux, les Beach Fossils en premier lieu.