Retour aux affaires courantes, après une petite pause de quelques jours sous le doux soleil catalan, avec un concert. Et quel concert ! Puisqu'il s'agit des frapadingues de Of Montreal et de leur charismatique leader Kevin Barnes, sur la scène de la Cigale, à Paris. Mais avant cela, il y avait une première partie. Et si j'avoue être négligemment passé à côté de leur premier album, les anglais de We Have Band m'ont fait plutôt forte impression. Leur électro-rock n'est pas sans rappeler celui de leurs compatriotes de Bloc Party, chanteur noir oblige peut-être, mais en plus marrant, plus fun, plus barré aussi. L'inspiration vient pourtant de formations pas réputées pour la gaudriole, Joy Division en premier lieu. Mais comme tout cela est agrémenté d'une chanteuse/danseuse au déhanché très sensuel et aux petits cris d'animaux, d'un groove décapant et d'une énergie communicative - même si les sons sont parfois pré-enregistrés -, il semble très difficile de résister. Excellente prestation donc et un album que je vais m'empresser de réécouter d'une oreille plus attentive.Of Montreal rentre ensuite en scène une petite demie heure plus tard et c'est le même blanc immaculé qu'arborent les membres du groupe. On ne nous avait pas dit que c'était une soirée à thème. Mais s'il y en a un qui a pour habitude de cracher sur le protocole, c'est bien Kevin Barnes. Et ce soir, il ne déroge pas à la règle avec un accoutrement tout droit sorti du carnaval de Dunkerque. Pour le bon goût, on repassera donc. En effet, quand on est attifé d'un bandana à la MGMT, d'un chemisier et d'une veste de tailleur de vieilles du XVIème, d'un simple tablier en dentelles et de collants, on peut difficilement la ramener question style vestimentaire. Mais le bonhomme n'en a cure. Et le concert commence à l'image d'un show des Flaming Lips, avec déguisements et vidéos-clips déjantés de rigueur. "Coquet, Coquette", leur dernier single donne le ton. Pendant plus d'une heure, c'est la fête qui règne sur la petite scène de la Cigale qui devient d'un coup beaucoup trop petite. Il faut dire qu'ils sont déjà neuf à jouer, plus les deux énergumènes qui viennent à chaque morceau affublés de combinaisons différentes. Kevin Barnes donne aussi de son corps, se démenant et remuant tel un adolescent attardé, ne sachant pas très bien quoi faire de ses membres. Pas de temps mort, pas de parlotte entre les chansons, et bien sûr, ce sont les titres de leur chef d'oeuvre "Hissing Fauna..." qui sortent du lot, ceux pendant lesquels on ne se surprend pas même à regarder ailleurs, à penser à autre chose. Car, à l'instar d'un concert des Flaming Lips dont l'exubérance scénique est décidément très proche, il se passe toujours quelque chose devant nous. Mais à la différence près que Barnes, voyant le public complètement acquis à sa cause, - j'ai d'ailleurs rarement vu autant d'ambiance dans une salle parisienne, le public de la capitale n'étant pas vraiment réputé facile à bouger - se permet l'audace de faire un rappel entièrement constitué de chansons de ... Michael Jackson. Ce type peut décidément tout se permettre. Avec ce groupe, rien ne paraît impossible. On régresse, c'est indéniable, on redevient des groupies, limite hystériques. Et si finalement, ce n'était pas ça, le véritable esprit rock : faire fi des conventions et du politiquement correct. Et tant pis pour les pisse-froid en tout genre, qui trouveront sans doute à redire : "trop de show tue le show", les blagues - comme celle de Jackson - les plus courtes sont les meilleures, les tenues un peu ridicules et de mauvais goût du chanteur (il finira en veste de survet' et mini-jupe), le message pourtant assez noir véhiculé par les textes qui se retrouve ainsi affaibli par la légèreté apparente de l'ensemble, etc. Pour notre part, nous ne pouvions rêver meilleur retour de vacances.
"She's a Rejector" :
Des photos de la soirée ici et là.