Expérience...

La première journée de H Cup a apporté son lot d'enseignements. Et confirmé qu'être le premier chez soi ne garantit nullement de dominer ses voisins, surtout quand vous les affrontez chez eux.

Le point le moins rassurant à retirer de ce week-end réside dans l'incapacité des clubs Français à s'imposer à l'extérieur. Mis à part le Biarritz Olympique, dont l'expérience des joutes européennes a sans doute parlé ce dimanche, toutes les équipes tricolores en déplacement se sont inclinées. On ne jettera pas pour autant le bébé avec l'eau du Bath, mais il y a matière à s'interroger.

C'est surtout le cas pour Perpignan et le Racing métro. Le premier a encore connu un passage à vide qui l'a mené à une défaite sur la pelouse de Llanelli, pourtant loin désormais de faire partie du top 5 européen. Certes, le point de bonus offensif (sic !) permet d'avaler un peu mieux la pillule, mais on doute sérieusement de l'avenir de l'USAP dans cette compétition qui ne souffre aucun passage à vide. Le second a fait l'expérience du haut niveau européen. Le Leinster, qu'on prétendait moribond, a montré qu'il ne fallait pas l'enterrer aussi vite. Quant aux coéquipiers de Sébastien Chabal, ils vont sans doute devoir considérer cette saison comme celle de l'apprentissage. Car leur poule paraît trop homogène pour laisser penser qu'ils en sortiront qualifiés pour les quarts.

On sera plus mesuré pour Castres, qui revient de son périple Anglais avec un point et aurait sans doute mérité mieux. Mais l'arbitrage, fut-il médiocre, fait toujours partie du jeu. Au passage, on relativisera les critiques adressées aux directeurs de jeu Français, qui ne sont pas nécessairement moins bons que celui qui officia à Northampton vendredi...

Alors, une déception cette première journée ?

Non. Car il y a eu de bonnes nouvelles avec les victoires de Toulon, qui alignait pourtant une équipe amoindrie face aux Ospreys, de Clermont contre des Saracens au fort accent Afrikaner,et de Toulouse aux dépens de Wasps accrocheurs. Fut positive également la qualité défensive de ces équipes et leur gros mental. Pas sûr, par exemple, que le RCT de la saison passé aurait remporté son match face aux Ospreys, en étant mené à quelques minutes de la fin de la rencontre. A l'instar de Biarritz avec Dimitri Yachvilli, Toulon est dépendant des performances de Jonny Wilkinson. Et ce dernier fut énorme, samedi à Mayol.

Autre motif de satisfaction, le réalisme des clubs Français, un réalisme qu'on croyait réservé aux grosses cylindrées Celto-Britanniques. Et ce week-end, les Saracens, Bath, les Wasps et les Ospreys ont dû ressentir ce que bien des équipes tricolores ont éprouvé par le passé : pour eux, il y avait la place, largement, de l'emporter...

Au final, la première journée de cette Coupe d'Europe aura sans doute apporté à nos représentants une grosse dose d'humilité et quelques enseignements sur la façon de gérer les rencontres. L'arbitrage, à l'exception du match de Castres, n'aura pas été déconcertant, en particulier s'agissant des mêlées. Dans ce secteur du jeu, la modification des commandements en début de Top14 a plutôt bien préparé les joueurs.

Enfin, une confirmation : les clubs Anglais ne feront sans doute pas de figuration cette fois-ci. Le patient Anglais a travaillé et se présente avec des arguments solides et un bel esprit de conquête. Clermont et Toulouse, pour ne citer qu'eux, vont devoir se coltiner des matches Outre-Manche qu'il leur faudra aborder avec la plus grande détermination pour pouvoir se qualifier pour les quarts.

Ce week-end, l'expérience des "habitués" tricolores de la compétition a forcément joué en leur faveur. On espère cependant que nos clubs trouveront d'autres atouts dans leur jeu car cela ne suffira sans doute pas sur la durée de la compétition, tant celle-ci parait homogène cette année.