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Des livres, des livres, encore des livres !

Publié le 10 octobre 2010 par Babs

C'est terrible de toujours "courir" derrière les livres qu'on a envie de découvrir...Près de 700 nouveaux livres pour la rentrée, comment arriver à tout lire?!Finalement, ça me donne un peu l'impression d'une course de fond sans fin: on avance avec la satisfaction que chaque kilomètre, enfin, chaque découverte d'un nouveau livre provoque des décharges d'adrénaline bienveillante et hop, il nous en faut encore plus. On sait pertinemment que la curiosité littéraire qui nous assaille, ne sera jamais comblée et c'est peut être ça, qui finalement nous comble et rend chaque "coup de coeur" avec un livre, encore plus "précieux". Etrange cette sensation...non?!

En tout cas, le mois de septembre a rempli comme chaque année, son rôle de temps forts de la rentrée littéraire et m'a permis de découvrir quelques "pépites" qui m'ont procuré des moments de pur plaisir.

en vrac, les "coups de zinc" de cette rentrée 2010: 

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"Fils d'Héliopolis" de James Scudamore aux éditions 10 / 18

Ludo a eu de la veine : fils d'une maman cuisinière d'un des plus riches hommes d'affaires brésiliens, celui-ci décide de l'adopter et lui permet d'échapper à son avenir de garçon des rues dans les favelas...Son avenir semble prospère et radieux. Après des études dans les meilleurs écoles américaines, le voici de retour à Sao Paolo, pour faire partie de la nouvelle élite d'hommes d'affaires qui participent au rayonnement économique du Brésil, au sein d'une des plus grandes agences de publicité du pays. Une vie de rêve en perspective. Mais à bientôt trente ans, tiraillé entre ses origines et son ascension sociale fulgurante et grisante, épris d'amour pour sa soeur d'adoption Mélissa, avec qui il vit une relation fusionnelle mais impossible depuis tout petit...rien n'est simple et son malaise est de plus en plus profond. L'étrange sensation de n'être jamais à sa place...

A travers le personnage de Ludo, l'auteur dépeint un portrait de la dualité qui caractérise le Brésil aujourd'hui, le contraste entre la vie des bidonvilles et l'opulence des plus riches qui cohabitent côte à côte. Un portrait sans demi-mesure du monstre urbain qu'est Sao Paulo, la peur de grandir et d'accepter qui on est....

Scudamore le fait avec une empathie profonde pour ses personnages, un réalisme et une authenticité douce, loin de l'exotisme de l'auteur étranger. L'écriture est sensuelle, chaude, magnétique comme l'atmosphère brésilienne. Elle est aussi visuelle, terriblement cinématographique. Le bruit des hélico des riches de Sao Paulo, grondent encore dans ma tête et celui en particulier du père adoptif de Ludo qui atterit sur le penthouse dès la première page...La scène reste gravée dans ma tête. Comme plusieurs autres.

Et puis pour raconter l'histoire de Ludo, il y a ces flashbacks entre le temps présent et le passé, et à chaque chapitre, le nom d'une recette, un aliment, prétexte pour raconter un moment fort de la vie de Ludo associé ce souvenir culinaire ...et c'est toute l'originalité de la construction de l'histoire, tout son charme...Feijoada, Milk shake à l'avocat, Pépins de pastèque, foie de voie...La nourriture, comme souvenir d'un morceau d'une vie et d'une mère qui a passé sa vie a donné de l'amour à travers ses plats, à montrer sa générosité de la seule façon qu'elle pouvait l'exprimer : en cuisine. Ludo se souvient et s'enivre de ces souvenirs d'odeurs, de bruits, de goûts qui le ramène à ce qui est vrai, l'essence de ce qu'il est vraiment....Un roman d'apprentissage à la fois douloureux, lumineux, fort et poignant sur le passage à la vie d'adulte et l'importance de se souvenir de ses origines pour mieux "grandir". Un livre magnifique sur le Brésil d'aujourd'hui.

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"Effondrement" de Horacio Castellanos Moya aux Editions Les Allusifs

Direction le Honduras et le Salvador. Et là encore dans tout autre style, énorme "coup de zinc" pour Moya, auteur que j'avais découvert avec son précédent livre "Déraison".

Il dresse le portrait d'une famille de la haute bourgeoisie du Honduras en pleine crise, notamment par le personnage de Dona Lisa, épouse d'un avocat du parti national hondurien et mère de Teti qui défie l'honneur familial en tombant amoureuse et en se mariant avec un salvodorien... Dona Lisa, en deviendra folle, hystérique extrémiste, engagée et enragée. Un personnage de la démesure, tragi-comique par ses excès, elle n'hésitera pas à enfermer son mari pour l'empêcher d'aller au mariage de sa fille. Harceleuse et conspiratrice de haute voltige, Moya délivre grâce à elle, un portrait de la démesure et de la perfidie faite femme, pour décrire au vitriol le portrait des classes bourgeoises dirigeantes, leurs magouilles, relations et implications dans le monde politique des pays de l'Amérique centrale.

En toile de fond, le conflit qui ronge dès les années 60 le Honduras et le Salvador, jusqu'à devenir explosif. La construction de ce court texte intense et rigoureux dans le rythme et la structure est une petite merveille. Tout résonne comme une histoire qui n'aspire qu'à une mise en scène au théâtre tant les jeux de temps, de lieu contribue à tisser le décor du drame. Trois chapitres comme trois actes jusqu'au drame final. Un petit bijou à dévorer tant pour le style corrosif et grinçant de Moya que pour la structure éclatante des jeux de narration, et le thème; bien sûr, sur une Histoire de l'Amérique centrale qui nous échappe parfois...

 

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"Purge" de Sofi Oksanen aux éditions Stock / collection La Cosmopolite

Alors là encore, ce qui m'a ravi, c'est cet effort sur la construction du récit, l'alternance de plusieurs espaces temporels, flashbacks qui contribuent à faire du récit, une forme de puzzle qu'on reconstruit jusqu'à la dernière pièce finale comme un thriller noire sur le destin tragique de deux femmes réunies ensemble et qui font face à un lourd secret qui les lient sans qu'elles le sachent. L'Histoire aussi, joue un rôle primordiale et est le prétexte du roman. En effet, à travers de Zara et Aliide, c'est l'histoire dramatique de L'Estonie que l'on découvre, pendant l'emprise soviétique et les dérives staliniennes qui ont aliéné l'identité propre de ce pays.

C'est un combat des femmes contre les hommes pendant les périodes de guerre, où tout n'est plus raison mais folies dévastratrices, sauvages. Périodes pendant lesquelles, les femmes se révèlent à la fois, premières victimes de cette domination par la force, et premières résistantes. C'est dur, mais Sofi Oksanen prend le parti pri de ces femmes, reste à coté d'elles pour leur redonner la dignité qu'elles méritent et qu'elles ont perdu. Elle leur rend hommage en insufflant à travers les deux magnifiques personnages cabossées de Zara et Aliide dont la résistance et l'envie de survivre est plus forte que tout; une poésie noire, sèche et puissante, une musique assourdissante et profonde pour conter l'horreur. Pour moi, l'énorme rencontre de la rentrée !!!

Et coté des livres français, "L'envers du monde" de Thomas B. Reverdy, aux éditions du Seuil, est juste beau, mélancolique et intense, lorsque il embarque son narrateur français dans un voyage à travers le New York de l'après 11 septembre ou les new yorkais encore en état de choc, semblent être en pilotage automatique et New York une grande dame au bord de l'asphyxie.

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Lorsque le traumatisme de ce chaos; le travail de deuil et de reconstruction est conté à travers la rencontre du jeune narrateur "frenchy" et d'une serveuse de Brooklyn, cela donne un beau moment de lecture qui ne tombe pas dans la facilité. Sa vision extérieure du drame, donne toute la mesure et est porté par une écriture sensible pour sonder le coeur brisé et inconsolable de ceux qui restent et tentent de se reconstruire.

et pour finir, voici un sacré coup de fraicheur que j'ai adoré : embarquer absolument à bord de "France 80" de Claire Bantegnie dans la collection l'Arbalète chez Gallimard.

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A travers l'histoire entre autre, d'une ado en pleine crise..."d'ado", Claire Berthelot; c'est un portrait des années 80 qu'on lit en se délectant des images volontairement clichés qui sont contés à travers le récit. Radiographie au scalpel d'une génération, d'une époque, entre humour ravageur et cynisme moqueur, les quality street sont à cotés de nous, les allées pavillonnaires qui préfigurent les pavillons des "Desperates Housewives" des années 2000 surgissent de nulle part et sont synonymes de réussites sociales. On met Dayer Straight en fond sonore et l'écriture et le ton du récit ont la musicalité d'une narration à la "Amélie Poulain" et donne presque envie de partager ce récit à haute voix! Ouh, ça swingue : nostalgie et fou rire garanti! Grisant comme un paquet de fraises tagada qu'on mangerait sous la couette avec une lampe torche accroché à notre tête! 


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