DUSTIN HOFFMAN DANS LE RÔLE DE LENNY BRUCE
Le pionnier du stand-up qui osa défier l’hypocrisie américaine.
En évoquant son personnage Dustin Hoffman analyse parfaitement le contenu de ce qui à l’époque ne s’appelait pas encore un biopic. Ou l’histoire d’un humoriste qui dans les années soixante allait profondément bouleverser le genre comique, en montrant du doigt les travers d’une société puritaine et hypocrite.
Il était grossier, obscène, mais ses gros mots lui servaient de détonateur, contrairement à la pelletée d’amuseurs de bas étage qui aujourd’hui mettent le paquet, sans autre signification que de flatter de bas instincts.
Quand Hoffman s’empare du personnage, il est encore très jeune mais a déjà à son actif un palmarès éloquent dans le genre « Le lauréat » ( voir ce blog) , « Little big man », « Les chiens de paille » , « Papillon » … Excusez du peu . Et pourtant ce rôle de héros malgré lui il le magnifie au point de s’y incarner totalement dans le noir et blanc imaginé par un réalisateur très en verve.
Bob Fosse pose en effet les bases de son récit sur le mode d’un documentaire : l’interview de Mme Bruce et de son manager. Mais le ton de la confidence, de l’anecdote, du souvenir prend le pas très habilement sur une mise en scène qui nous trimballe alors entre fiction et réalité dans un one-man-show intégral, où l’artiste prend toute sa démesure.Il faut aussi saluer la performance de sa compagne Valerie Perrine , qui remporta d’ailleurs le prix d’interprétation au Festival de Cannes en 1974 où le film fit sensation.
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Personnellement je ne connaissais pas Lenny Bruce, et Hoffmann a ce mérite de le remettre au goût du jour. Si le film a été tourné en 1974, le revoir aujourd’hui ne change rien à la donne, il est toujours très présent, par son acuité et sa réalisation.
C’est le portrait d’une Amérique minée par les tabous et du comique qui les exposa avec une crudité sans précédent. Père du stand-up, Lenny Bruce reste aujourd’hui la référence incontestable des humoristes américains, de Jerry Seinfeld à Adam Sandler, en passant par Chris Rock. Il a raillé plus que quiconque la schizophrénie d’une société malade d’hypocrisie avant d’en faire lui-même les frais.