Depuis jeudi, les lycéens ont commencé à rentrer dans la bataille sur la contre-réforme des retraites. Un peu partout dans le pays, les cortèges de jeunes se multiplient. C'est un véritable bol d'air pour le mouvement, et c'est surtout la preuve qu'ils ont compris qu'ils étaient les premiers concernés, puisque la retraite n'implique pas seulement les salariés et les plus de 60 ans, mais bien aussi les jeunes qui seront les premières victimes de cette contre-réforme (j'ai décidé de ne plus employer le mot réforme, puisqu'en soi la réforme implique un progrès social).
Comme vous l'avez bien lu, j'ai utilisé le verbe comprendre pour expliquer la réaction des jeunes à l'endroit du texte pondu par Sarkozy et ses sbires. Ce verbe a toute son importance puisque depuis jeudi, toute la communication du gouvernement consiste à essayer de minimiser la mobilisation et à crier à la manipulation. Les élèves seraient selon Mr Chatel, le ministre de l'Education Nationale, sous l'influence de profs gauchistes et de groupuscules d'extrême-gauche.
La désinformation et le mépris sont donc les seules réponses du gouvernement. Elles sonnent comme l'aveu d'un manque de sérénité et d'une vraie peur face à ce qui ressemble de plus en plus comme un début d'embrasement du pays.
Le ministère de l'Education Nationale a indiqué qu'il y avait 160 lycées jeudi et 80 vendredi ou des manifestations avaient eu lieu, sous une forme ou une autre. Là ou l'AFP en a dénombré dans le même temps plusieurs centaines. Quand bien même les chiffres du ministère seraient vrais, il faut quand même rappeler que cela touche tout le territoire, et que la semaine d'avant, tous les élèves étaient en classe. Il se passe donc quelque chose !
Mais l'argument le plus fallacieux est celui selon lequel ces élèves seraient manipulés, et profiteraient du moment pour s'offrir un peu de bon temps et ne pas aller en classe. Ben, tiens ! Il est évident que quand on a 16, 17 ,18 ans ou plus, on n'est pas capable de réfléchir et d'avoir un jugement personnel.
En plus de cela, il convient de noter deux phénomènes que peu de personnes ont remarqué, mais qui ont leur importance et sont significatifs du malaise général dans ce pays. Ce sont les lycées des petites villes moyennes de province qui ont bougé, à l'exception de Toulouse, les établissements des grandes villes ne se sont pas encore manifestés. Cela veut dire que ce ne sont pas les enfants des classes moyennes ou aisées, habitant généralement plus souvent les grandes agglomérations, qui sont dans la rue, mais bien majoritairement les rejetons des classes populaires, c'est à dire de ceux qui sont les victimes de la contre-réforme.
Cette impression est confirmée par une seconde observation. Pour la première fois, ce sont les lycées techniques et professionnels qui sont à la pointe du combat. Autrement dit, les élèves qui sont dans la rue sont souvent les plus dépolitisés, mais aussi ceux qui sont essentiellement destinés plus tard aux travaux physiques pénibles et qui subiront donc de plein fouet ce texte scélérat.
Ces deux constats sont réjouissants, car ils confirment le sentiment d'Alain Touraine qui voit dans ce conflit le signe d'un début de repolitisation de la société. Ils sont à l'évidence la preuve que le mouvement s'amplifie et peut durer bien au-delà du 12 octobre. Cela, le pouvoir l'a bien compris, et il est loin de s'en réjouir, lui. D'où la désiformation et les mensonges qui apparaissent comme une fuite en avant supllèmentaire.
Sur le web :
vachane revient sur la question de la faim dans le monde.
Pour découvrir une magnifique chanson marrane, c'est chez jef.