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George Sand, Pauline

Publié le 10 octobre 2010 par Cetaitdemainorg

J'ai jeté de bonne heure mon dévolu sur Gustave Flaubert et n'en finis pas de le redécouvrir. J'en ai négligé l'oeuvre de George Sand, aperçue seulement dans la langueur des dictées écolières.

Grâce au salon Lire en poche de Gradignan et au coup de coeur de Zineb Kairouani, je lis Pauline, ce roman délaissé par l'auteur puis repris dix ans plus tard. Et je succombe à la fascination du style dont le maître, (ou l'esclave), d'Emma Bovary disait qu'il incarnait la littérature. 

" La salle, vaste et basse, offrait à l'oeil une profondeur terne qui n'était pourtant pas sans charme. Il y avait, dans le vague de la perspective, de l'austérité et de la méditation, comme dans ces tableaux de Rembrandt où l'on ne distingue, sur le clair-obscur, qu'une vieille figure de philosophe ou d'alchimiste brune et terreuse comme les murs, terne et maladive comme le rayon habilement ménagé où elle nage. Une fenêtre à carreaux étroits et montés en plomb, ornée de pots de basilic et de géranium, éclairait seule cette vaste pièce ; mais une suave figure se dessinait dans la lumière de l'embrasure, et semblait placée là, comme à dessein, pour ressortir seule et par sa propre beauté dans le tableau : c'était Pauline."

George Sand n'excelle pas seulement dans les descriptions et les scènes de genre. Son style sait aussi s'aventurer dans les millefeuilles de la pensée, avec une pénétration dont notre modernité hâtive ferait bien de s'emparer. 

9782070342082

" Elle trouvait dans le catholicisme la nuance qui convenait à son caractère, car toutes les nuances possibles se trouvent dans les religions vieillies ; tant de siècles les ont modifiées, tant d'hommes ont mis la main à l'édifice, tant d'intelligences, de passions et de vertus y ont apporté leurs trésors, leurs erreurs ou leurs lumières, que mille doctrines se trouvent à la fin contenues dans une seule, et mille natures diverses y peuvent puiser l'excuse ou le stimulant qui leur convient. C'est par là que les religions s'élèvent, c'est aussi par là qu'elles s'écroulent."

Comment résister à cette écriture qui évoque par ailleurs des "yeux appesantis" ? George Sand, à n'en point douter, était aussi poète, était aussi philosophe !


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